b) Les Mains Sales, Le Diable et le Bon Dieu, Les seąueslres d'Al-tona, Les Troyennes, qui mettent au premier plan la necessite pour le heros de choisir entre le morał et 1’efficacitć.
Si la pćriode existentialiste ćtait liee a la diffusion des idees de la Phenomenologie allemands (Husserl, Heidegger), et de Hegel,47 il est incontestable que le fondement historique de la troisi£me periode des ecrits de Sartre demeure l’experience de la guerre et de la resistance. comme en temoignent par exemple l’Existentialisme est un Hama-nisme, les Ckemins de la Liberte et Les Mouches. Comme 1’ecrit Gold-mann:
»Les evćnements historiques ont ramene Sartre a renoncer a 1’amoralisme cartesien de iEtre et le Neant, et a introduire les problemes de la cite ainsi que la distinction entre le Bień et le Mai - philosophiquement la problematique de Kant, Hegel et Marx - dans le cadre generał de sa philosophie*.48
*
* *
Les Mouches, dernier episode de 1’Orestie, est une transposition a peine voilee de la France Petainiste. Oreste - dans sa version moderne - s’est libere des croyances traditionnelles et ne desire plus obeir a des principes auxquels il ne trouve aucune justification. Revenu a Argos il decouvre son veritable chemin. Comme dans la legende grecque, il tuera Egisthe et Clytemnestre, mais pour des raisons bien differen-tes. II ne s agit plus pour lui de venger son pere, mais daffirmer sa liberte en tuant le tyran et en assurant la liberation de sa sceur et de ses freres, d’Electre et des habitants d’Argos. C’est a partir de l’acte trois qu’apparait vraiment la problematique existentialiste: Oreste a enfin trouve le sens de sa vie, il est devenu un homme librę en s’en-gageant pour la lutte pour la liberation d’Argos mais son acte ne li bere lui-meme.
Huit Cios, et Mort sans Sepulture sont egalement centres autour de ce probleme. Huit Cios c’est l’univers ou il n’est plus possible de don-ner un sens a sa vie. L’enfer selon Sartre: n’est pas un lieu de tortu-res, physiques ou morales, des damnes, c’est la situation dans laquelle 1’homme n’est pas capable de choisir sa liberte et par cela meme - nous le savons depuis Les Mouches - de ce dresser solitaire face aux autres qui ne peuvent participer ni a son engagement ni a son acte«.4tf
C’est encore le probleme des rapports entre l’individu et la commu-naute qui se trouve au centre de Morts sans sepulture (piece que Gold-mann qualifie de »la plus faible de Sartre*). La raison de cet echei semble liee au contraste entre la complexite des problemes poses et le schematisme de la realisation. Le seul intćret de cette piece litteraire-ment faible, c’est de faire apparaitre 1’idee d’un sujet trans-individuel au niveau d’un petit groupe de gens engages dans une meme action.
47 En particulicr le livre de Jean Wahl: Le Malheur de la Comcience dans la philosophie de Hegel.
** S. M. p. 219.
« S. M. p. 228.
589