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Pendant les manifestations des etudiants de juin 1968, qui s’etaient transformees, le jour meme en une greve des ćtudiants et des ensei-gnants de l’Universite de Belgrade, on avait nettement defini les objectifs substantiels de la misę en place du regime socialiste: sociali-sation de Teconomie et de la politique, instauration du pouvoir de la classe ouvriere a tous les niveaux de la societe globale, pouvoir qui se fonderait sur la propriete sociale et la repartition selon le travail, con-tróle democratique public des activites des organes du pouvoir et des mass media et abolition du caractere de classe du systeme d’enseigne-ment superieur.
En signe de solidarite avec les etudiants de Belgrade, et mis en mouvement par des impulsions autochtones, les etudiants de NiS, Sa-rajevo, Ljubljana, Zagreb, Titograd, Split, Rijeka, Maribor, Novi Sad, Ćacak, Kragujevac, Mostar, Zrenjanin et d’autres centres cultu-rels de Yougoslavie, entrent en action. Avec des differences plus ou moins grandes, quant aux caracteristiques des actions estudiantines dans les diverses villes, un degre sensible d’unite ideelle s’etait rea-lisee tant a propos de la condamnation du recours a la violence contrę les etudiants et en generał dans le reglement des contradictions so-ciales, qu’a propos des efforts pour faire etablir des principes de la dćmocratie socialiste.
Pendant la greve et les autres actions des etudiants, datant des me-mes journees, on a vu se creer des programmes politiques speciaux. connus comme les »revendications des etudiants«, et aussi des formes autonomes d’auto-organisation (comites d’action et reunions).
D une faęon determinee le mouvement des etudiants de juin est l’expression d’une position sociale relativement autonome des intellec-tuels, des etudiants en premier lieu, ce qui se traduit dans une suitę d’actions directes (manifestations a Novi Beograd, en 1954, et ensuite a Zagreb, Skopje, et Rijeka en 1959, les actions des etudiants de Ljubljana pendant 1’annee academique 1963/64). Et encore plus souvent, cette position se traduit par la tentative de former une opinion publi-que des etudiants et des jeunes (journaux et revues des etudiants et de la jeunesse, reunions, groupes et institutions artistiques). Dans l’en-semble de la periode d’apres la guerre il y a eu des conflits plus ou moins grands quand on exprimait des positions independantes, et les tentatives d’engager des actions directes etaient violemment etouffees (les manifestations mentionnees, par ex.).
Aux actions des etudiants et au mouvement estudiantin en voie de devenir, en juin 1968, s’opposerent eenergiquement les corps executifs des organes dirigeants de la Ligue des communistes (Presidence, Co-mite executif, Secretariats) et des autres organisations socio-politiques. Pour ce faire, ils en trouverent des moyens efficaces dans toute la presse ecrite, parlee et televisee; leur action a et6 plus p6rilleuse pour les etudiants que l’intervention de la milice ou des autres appareils de repression, car la desinformation soulevait la condamnation sociale des etudiants. Le travail des organisations politiques, du »parti- plus lar-ge« (G. Orwell), n’est pas suffisemment accessible au contróle de l’o-
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