Dii point de vue bourgeois, de la perspective du monde d’Arsenije Njegovan, une pareille ąuestion ne se pose meme pas. Pris de la, tout ce qui change plus essentiellement le monde bourgeois semble etre inhumain, contrę la naturę et vain. Si l’on considerait a partir de ce point de vue les conflits sociaux decrits, on nierait, par la force des choses, la totalite de l’experience des systemes socialistes.
D’un autre point de vue, celui qui nous est offert comme l’unique par le Uainąuenr de la revolution, la question posee serait superflue, sinon »contre-revolutionnaire«, car il est sous-entendu que la commu-naute socialiste-communiste est chose accomplie, ou presque. Du point de vue du Vainqueur de quelle revolution que se soit, on ne pourrait meme pas relever des courants historiques qui donneraient un sens a la question posee.
Du point de vue du Vainqueur effectif de la revolution, tant bour-geoise que socialiste, tous les conflits sociaux dont les resultats ne peuvent pas s’imbriquer dans le regime existant comme modification fonctionnelle de ce dernier, semblent menaęants, semblent menacer l’existence du monde present. Aussi les repousse-t-on et etouffe-t-on par tous les moyens possibles, y compris 1’ignorance de la part des hommes de science. Je me borne a rappeler, cette fois-ci, la position bien connue sur la conformite de la theorie fonctionnelle aux idćolo-gies officielles des deux systemes sociaux.7
Toutefois, il existe certaines differences quant a 1’attitude a prendre a 1’egard des conflits et la participation dans ceux-ci entre la classe bourgeoise-economiąue et la politocratie - classe politique. Grace a l’enracinement economique (propriete privee et economie politique), la classe bourgeoise delimite avec plus de succes les conflits economi-ques et politiques. Elle tend a maintenir les premiers et les deuxiemes dans la sphere respective de la vie sociale. Au sein de la sphere cor-respondante, chacun d’entre eux a un champ d’action librę tant qu’il n’y a pas de dangers que soient mis en questions les fondements du monde bourgeois.
A la difference de la classe economique, la classe politique, dont l’hegemonie dans la societe repose sur une organisation politique hie-rarchisee, qui tend a former 1’organisation politique de la societe glo-bale d’apres ses propres principes organisationnels interieurs, parvient plus difficilement a separer les conflits economiques des conflits poli-tiques. Pour elle, tout conflit est plus ou moins conflit politique, lutte pour le pouvoir si bien qu’elle ne peut etre tolerante, meme pas autant que la bourgeoisie, vis-a-vis des participants aux conflits, de meme qu’elle ne peut pas leur donner, avec tant de succes que la classe eco-nomique, des cadres legaux. Toute menace de briser quel maillon que ce soit de 1’organisation hierarchique, et notamment si l’initiative en vient endehors de 1’hierarchie, est une menace egalement importante pour la survie des bases de son hegemonie. L’irrationalite accentuee des fondements de cette hegemonie, par rapport a 1’enracinement eco-nomique relativement rationnel de 1’hegemonie de la classe ćconomi-
1 Voir: A. W. Gouldner, Crise futurę de la thćorie fonctionnelle, Sociologija, Bcograd, 1966, n. 1-2.
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