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les Turcs et les Russes), les Roumains ont besoin de s’affirmer et d'etre re-connus comme tels. «Ainsi la renaissance politique de la Roumanie (apres 1881) apres des centaines d'annees de malheurs fut reconnue parl'arćopage europeen en mettant la Roumanie et les grands Etats de 1'Europe sur un pied d’egalitć »2. La meme idće se retrouve chez Xenopol, qui finit son manuel de 1891 en nous assurant que la Roumanie autrefois « dćsunie, asser-vie aux Turcs et aux Russes, craignant ses voisins ct leur obćissant a tous > etait devenue «un Etat puissant et honorable qui joue aujourd'hui un role important dans la politique europćenne » 3. Quel que soient les modalites de le dire, 1'importance europćenne de la Roumanie est inconstestable: « ayant confiance dans la vertu prćsente et futurę de ses dignes fils, elle accomplit le róle qui lui a echu il y a 2000 ans: celui d'£tre sur le Danube le bouclier de la civilisation europeennę » 4. Cette idee a fait une longue carriere jusqu'a nos jours et nous y revien^ront. Ces trois exemples seraient suffisants pour entamer le debat sur un sujet qui pr&terait a controveise: le complexe d’in-fćrioritć roumain. Laissons le pour une autre occasion et revenons aux manie-res dont les Roumains ont conęu leur propre histoire par rapport aux autres, anciens ou modernes.
Pour que les Roumains soient les egaux des plus grands peuples euro-pćens, il faut que leur histoire soit l'aboutissement d’une traditionremontant jusqu'a l'antiquite et dont on s'accorde a respecter la grandeur. Leurs ancfi-tres furent les civilisateurs du monde entier. La romanitć des Roumains est la pierre angulaire de leur identite historique. Cela ne change pas du tout si on accepte aussi la participation des Daces, romanisćs bien-sftr, a l'ethno-gen^se des Roumains. Dans le manuel de Xenopol de 1891 on peut lirę: «Tout notre developpement actuel se base sur l'idće que nous somme un peuple romain. Cette idee, qui est le fondement de notre vie entiere la raison pour laquelle nous n’acceptons pas la fusion avec les peuples qui nous entou-rent, mais nous voulons mener notre propre vie indćpendante, cette idće donc il faut qu'elle soit connue par tous les Roumains, il faut que les Roumains sachent que nous avons ćtć et que nous sommes encore des Romains en depit de toutes les invasions barbares qui se sont jetćes sur nos contrćes»5. La mfime idće de la marque distinctive de la latinitć apparait explicitement chez Tocilescu (seule son origine lui donnę droit a la vie) 6 et elle se retrouve implicite dans tous les manuels d'histoire roumaine de n’importe quelle epoque.
D'habitude l'idee des origines latines est immćdiatement suivie (dans lameme phrase ou dans la phrase suivante) par l'idće de la grandeur romaine. On lit, au hasard, dans un livre de 1892: «Nous sommes des Roumains parce que nos anc&tres ont ćtć les Romains. Les Romains ont ćtć le plus grand et le plus brillant des peuples qui ont jamais vćcu au monde. Ils ont lćgue
7 B. B. Sec&reami, Prescurlare din Istorid fiomanilor lucratd pmiru eleiii fcolil&r pri-mare de ambt sexc, Ire ćd., Bucarest^ 1883, p. 176.
8 A. D. Xenopol, Istoria Ronińnilor peniru dasele primare de atnbele sexe, Xc ćd., Iassy, 1891^ p. 174-175.
8 Gr. Tocilescu, Istoria Rotn&nilor cu Sntrebdri, narafiuni fi resumate.'.., Xe 6d., Buca-rest, 1896, p. 134.
6 A. D. Xenopol, Istoria Rotndnilor... Xc 6d., p. 5.
• Gr. Tocilescu, Istorid Kónm&nilor.. * Xe ^d., p. 9.