Les stratégies textuelles des lettres postmodernes
Le postmodernisme en littérature n'est pas un mouvement organisé avec des dirigeants ou des personnages centraux. Il est difficile de dire les dates définies pour la montée et la chute de popularité du postmodernisme. Indubitablement, le postmodernisme a culminé dans les années 60 et 70, mais certains situent le début de la période post-moderne vers 1980.
Le préfixe «post» indique une réaction contre la modernité dans le sillage de la Seconde Guerre mondiale. Il pourrait également impliquer une réaction à des évènements d'après-guerre: le début de la guerre froide, le mouvement des droits civils aux États-Unis, le post-colonialisme (littérature post-coloniale), et l'avènement de l'ordinateur personnel.
Il n'y a pas de visée dogmatique. La postmodernité demeure le terme le plus représentatif du moment historique qui se déroule sous nos yeux, un moment qui ne serait qu'une période de transition. La période contemporaine ne constituerait nullement la fin de l'histoire, mais elle annoncerait plutôt une mutation importante de notre « manière d'être ».
Les premiers philosophes ayant influencé la philosophie postmoderne ont été Jean-François Lyotard, Michel Foucault, Gilles Deleuze et Jacques Derrida. La postmodernité face suite à la modernité, une période marquée par le désir de transformer la littérature - les courants de l'absurde et de l'existentialisme en tête au niveau international dans les années 50 - ainsi que par les mouvements de contre-culture, de libération sexuelle, de féminisme, de socialisme et de nationalisme à leur apogée dans les années 60 et 70. Cependant, ces mouvements s'essoufflent alors que la science se développe à une vitesse fulgurante. L'homme contemporain a l'impression de vivre dans une société de plus en plus stressée et stressante où en un éclair on peut devenir dépassé.
Bref, on ne sait plus trop où s'en va l'avenir, le futur donne le vertige, on cherche des repères perdus et la pensée collective passe du « nous » au « je ». L'individualisme devient une idéologie dominante dans une société de consommation extrême où l'image est encore une fois maîtresse, amplifiée qu'elle est par l'omniprésence des médias dans la vie de tous les jours.
Les mots-clés de la littérature postmoderne :
le pluralisme et métissage des cultures
les relations interculturelles
la confusion entre le réel et le virtuel
l'impasse de la communication
la désintégration de la personnalité ( ? )
La littérature de l'épuisement (John Barth)
Le nombre de motifs est limité - ils sont seulement réinterprétés
incapacité à créer quelque chose de nouveau
réécriture, intertextualité
auto-réflexivité de texte
brouillage des frontières entre la haute littérature et la littérature de la masse
kitsch
camp (la haute culture qui imite la culture populaire)
Caractéristiques de l'écriture postmoderne :
La littérature moderniste voit la fragmentation et l'extrême subjectivité comme une crise existentielle, ou un conflit freudien interne, un problème qui doit être résolu, et l'artiste est souvent cité comme celui qui doit le résoudre. Les post-modernes, cependant, démontrent souvent que ce chaos est insurmontable, l'artiste est impuissant, et le seul recours contre la « ruine » est de jouer dans ce chaos.
La fiction postmoderne dans son ensemble pourrait être caractérisée par des guillemets ironiques - cette ironie, avec l'humour noir et le concept général du « jeu » (liée au concept de Derrida ou les idées défendues par Roland Barthes dans Le Plaisir du texte) sont parmi les aspects les plus reconnaissables du post-modernisme.
Pastiche, combinaison ou « collage », salmigondis de multiples éléments. Dans la littérature postmoderne, cela peut être un hommage ou une parodie des styles anciens. Il peut être considéré comme une représentation des aspects chaotiques, pluralistes, ou gorgés d'informations de la société postmoderne.
Métafiction - l'écriture autoréférentielle qui dévoile ses propre mécanismes par des références explicites. P.ex. le procédé de mise en abyme - « Les faux monnayeurs » ; le roman sur un lecteur lisant un roman ; le roman non-linéaire, qui peut être lu autrement que du début à la fin - « Marelle » de Julio Cortazar
Le lecteur est un co-auteur du texte
La déconstruction - une pratique d'analyse textuelle. Le terme « déconstruction » a d'abord été utilisé par Heidegger, mais c'est l'œuvre de Derrida qui en a systématisé l'usage et théorisé la pratique. Derrida entendait que la signification d'un texte donné (essai, roman, article de journal) est le résultat de la différence entre les mots employés, plutôt que de la référence aux choses qu'ils représentent. Pour marquer le caractère actif de cette différence (au lieu du caractère passif de la différence relative à un jugement contingent du sujet), Derrida suggère le terme de différance, sorte de mot-valise combinant « différence » et le participe présent du verbe « différer » : « différant ». La déconstruction ne se veut ni une méthode, ni un système philosophique, mais plutôt une pratique.
La multiplicité des points de vue
La technique de sous-entendu
Le motif du jeu, le jeu - la base de la contruction de l'œuvre
La question de l'identité - alter ego, un doublement de la personnalité
Les exemples :
Georges Perec « La Disparition » - le roman sans une lettre « e »
G. Perec - « La vie mode d'emploi » - le chaos, les séries d'événements différents, les événements qui ne sont pas liés l'un a l'autre, le hasard, le désarroi
Jean-Marie Le Clezio « Désert » - la sollitude dans la civilisation moderne