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Pour obtenir la glaęure, un broyage prea labie du minerai de plomb reduit au feu a 1'etat de litharge est necessaire. Mais sa reduction a 1'etat pulverulent par contact prolonge avec le vin aigre est seule citee des textes techniques. Dans le De coloribus et artibus Romanorum, la glaęure est obtenue a 1'aide d'oxyde de plomb, donnant une couleur jaune clalr, ou d'oxyde de plomb auquel on ajoute eventuellement de la limaille de cuivre ou de laiton, qui donnę une couleur verte57. Les potiers de Paris, a en croire leurs voisins mecontents, utilisaient aussi "souffre et limaille, verre et autres materiaux"38f qui coloraient les glaęures soit en jaune soit en vert. Mais c'est le plomb qui, dominant en archeologie, domine aussi dans les sources ecrites. Le cuivre, dont une variete est appelee "terre de France11 car c*est la qu'on le trouve^ est rendu puWerulent sous 1'action du feu : MLen le brnie et ainsi brule soit en ung pot noeuf sans quelque liqueur mis sus les charbons. Et y soit tant laissie que il soit mis en couleur noirs"^. De m£me pour le fer, Tairain. "Comment le airain se brule et a quoi il sert. Cest arain est par artifice ars (brflle) et brule tant que len le peult mettre en poudre"^1. Les petites quantites prevues pour le plomb (une livre ou plus, dit Platearius) colncident avec 1'usage en faible quantite caracteristique du metier de potier en terre. Du vinaigre, un lieu cios et obscur, des pots en terre neufs, tout cela evoque une intimite certaine avec le metier de potier, ou tout du moins n'exclue en rien la possibilite pour un potier bien organise de traiter lui-m£me le minerai pour rester maTtre de la preparation de sa glaęure de la premiere a la demiere etape de la fabrication. Tout dependait, sans doute, des possibilites d'approvisionnement.
3. Contexte ecorvomiquc et approvisłonnement.
Pour faęonner et cuire un pot, peu de matieres premieres sont exigees : de 1'argile, des oxydes metalliques pour en colorer la couverte et rimpermeabiliser et du bois pour le cuire. En Forez toutes les conditions sont remplles et au-dela. Ce pays montagneux est presqu'entierement forestier et de larges portions de la plaine de la Loire etaient aussi boisees^2. Ainsi, le bois ne pose aux potiers et tuiliers foreziens aucun probleme d'approvisionnement. Le bois de chauffage, trop abondant, ne donnę lieu qu'a un commerce tres local. Les droits d*usage dans les for£ts sont aisement accordes. Fagots et "menu bois" sont d‘ailleurs vendus par les paysans eux-m6mes aux marches des villes^. Les potiers paysans ou autres potiers se les procuraient donc sans difficultes et surtout sans taxe ni frais excessifs ou soucis du transport.
Les sols foreziens livrent des gisements dłargile immenses et a portee de la main. Les plaines sont des formations tertiaires, couches d*argiles et de sables s'etagcant parfois, comme a Montrond, sur au moins 300 m d'epais$eur^. A faible profondeur se decouvre une couche impermeable de mSchefer, laterite fossile a forte teneur en oxdyde de fer^^. Rien d'etonnant a ce que les argiles de la region cuisent tres rouge. Les terrains sedimentaires de la plaine du Forez couvrent 50.000 hectares. En Forez et en Roannais, 34.000 autres sont