pleinement convaincu de la necessite d’un reponse decisive, lui promet de la faire aussitót que ses occupations nombreuses le lui permettront. II arra-chera le temps partout ou il en trouvera, si peu que ce soit 339). II n’a jamais pu donner suitę a cette intention. D'autres besoins, plus pressants encore, le reclament deja.
Le coup d’essai de Bossuet avait ete un coup de maitre, et lui avait assure la direction de la controverse dans toute 1’Eu ropę. Desormais This-toire du succes de ses ouvrages aux Pays-Bas n’est autre chose que This-toire interieure de la controverse religieuse elle-meme.
En 1683 on edita en franęais le Traite de la Communion sous les deux especes et la Conference avec Claude, ouvrage qui venait seulement de paraitre en France 340). Les deux livres reęurent un accueil tres favorable et furent lus avec beaucoup d’avidite par tous ceux qui savaient le franęais; et ils etaient bon nombre. L’emploi de la langue franęaise etait si universel en Hollande que Saint-Evremond, passant les dernieres annees de son exil en Hollande, ne se donna pas la peine d’apprendre le hollandais341). Pourtant le livre ne restait accessible qu’aux milieux cultives de la nation: on jugea donc necessaire de faire paraitre une traduction en lange vulgaire de la Conference avec Claude. Si Yon traduisait cet ouvrage de preference a 1’autre, qui avait neanmoins provoque de nombreuses refutations dans le camp protestant 342), c'est que le developpement rapide du debat religieux donnait a la Conference une plus grandę actualite. L*Exposition avait eu pour resultat de deplacer la dispute sur un nouveau terrain. II etait bien difficile de contraindre ces esprits independants et souvent impetueux qui faisaient la force de la Reforme a se soumettre a TEglise romaine, tani qu’ils ne croyaient pas en cette Eglise elle-meme. Bossuet dut Tavoir senti, lorsqu,il choisit cette matiere au moment ou il allait croiser Tepee avec Claude.
Ce terrain de TEglise etait sans doute le plus favorable aux catholiques hollandais. Leurs freres protestants devaient s'y sentir genes, puisqu'a la place de Tautorite du Siege apostolique de Romę, ils avaient mis celle du synode de Dordrecht. Bossuet plaidait pour l’existence d'une Eglise a laquelle le Christ avait confie en depót la verite chretienne; cette Eglise, qui tenait de si haut son autorite, avait comme mission de garder intacte la verite qui lui avait ete confiee, et de la repandre parmi tous les peuples. Une telle these a evidemment embarrasse les protestants. Ils se sont con-tentes de publier a La Haye la reponse de Claude 343), sans la traduire; le
339) Lettre a Neercassel du 22 septembre 1681, Corresp., t. II, p. 254.
340) Lettre de Neercassel a Bossuet du 27 mars 1683, Corresp., t. II, p. 289.
34x) Cf. A. Sayous, Ilistoire de la litterałure franęaise a rótranger, t. I, p. 158.
342) Cf. Nouvelles de la Republiąue des Letłres, avril 1684.
343) J. Claude, Reponse au livre de M. l’Evcąue de Meaux, 1683.
95