Que!ques mois apres Tapparition du livre, il y en eut deja une reedition a Amsterdam 361).
De leur cóte les protestants s'attaquaient le plus serieusement a ce chapitre, dans lequel ils se voyaient enlever une victoire qu,ils avaient crue decisive.
On a deja demontre que les besoins de la controverse la plus pressante avaient rendu necessaire cette promenadę complaisante de Bossuet dans lliistoire politique 862). La situation religieuse en Hollande en a certaine-ment ete un des facteurs les plus importants. Et c’est elle encore qui a determine pour une large part la reaction des protestants. Le theme essen-tiel du !ivre n'avait pas pour la Hollande une actualite si aigue. Comme pourtant elle hebergeait presque tous les grands porte-paroles du protes-tantisme, elle a du suivre de pres la bataille vehemente qui s'est livree autour du principe de M. de Meaux etablissant que la variation est signe d'erreur. Elle avait assiste aussi aux preparatifs du combat.
On s'attendait depuis longtemps a ce nouveau coup de Bossuet. Deja dans YExposition il avait prouve comme en passant que le protestantisme avait varie sur des faits de doctrine. Pousse par le nouveau tour qu'avait pris la controverse apres sa conference avec Claude, il cherchait passion-nement a definir le principe qui permettrait de distinguer la veritable Eglise d’avec les autres. Dans ses lettres a Jean Rou il toucha le vif de la plaie: une Eglise sans autorite ne dispose d’aucun moyen pour pacifier les schismes; il n'y a plus en elle d’autre remede aux divisions que de laisser croire chacun a sa fantaisie, ce qui conduit insensiblement les esprits a Tindifference des religions, le plus grand de tous les maux 363). Ses adversaires pouvaient prevoir ou il allait porter ses coups, et se mettre en etat de les parer. Nous les voyons choisir la methode de la negation. Par avance ils contestent le principe de la non-variation.
L/Eglise romaine, avait constate Jean Rou, est autant divisee en sectes qu'aucune autre branche du christianisme; Ton ne peut esperer Tunite sur la terre que dans le temps de Taccomplissement, lorsque Dieu sera tout en tous 364). En se retirant dans cette position de combat, il agissait sans doute d'accord avec Bayle et Jurieu, pour qui il preparait la voie. Aussi a peine YHistoire des Variations eut-elle paru que le premier declara avoir tou-jours ete convaincu qu’aussi longtemps que TEglise est sur la terre, elle est tantót plus, tantót moins eclairee, a certains egards, et que par conse-quent elle peut varier de sentiments sur les memes choses 365). L'autre ne
361) L/edition dite A la Spliere, 2 vol., 1688.
362) A. Rebelliau, Bossuet historien du protestantisme, p. 353 sq.
363) Lettre du 3 avril 1686, Corresp., t. III, p. 209.
364) Lettre du 28 janvier 1686, Ib., t. III, p. 185-186.
3G5) Nouvelles dc la Republiąue des Lettres, sept. 1688.
100