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3. — Le voeu ne se borne pas toujours ó la promesse du voyage: il n’est pas rare que, pour rendrc le vceu plus efficace et le voyage plus mćritoire, on y ajoute une penitence.
L’un sengage 6 faire le pólerinage « ń pied », au lieu de le faire & cheval, un autre « h pied et nud pied ». Ceux-ci promettent de venir « ó pied et en chemise », « en chemise et couvert d un linceul » (1): ceux-16 de ne vivre que d'aumónes tout le long de la route (2) ou encore de vivre « au pain et & leau • (3). II y en a qui font vceu de renouvc!er plusieurs fois ce voyage,
. quelques-uns m<>me tous les ans (4). II n’est pas inoul que la fatigue soit rendue encore beaucoup plus rude : un p£re de familie, pour remercier sainte Annę d’avoir prćservd son enfant dans une chute mortelle, n’hćsite pas ó porter lui-mćme son enfant sur ses bras, de son
et sa jambe, et ne salt comment II se trouva tout A coup avoir la jambe droite a (1,637). - Cf. 1,103, — II. 382 et 383.
Le P. Msrmillod fait ici un rapprochement ingónieux: « A cótć de la maison de sainte Annę, A Jirusalcm, ilait situie la cilćbre piscinc probatique, dont II est parli dans l'Kvangile: une fois par an, un ange venait en rcmucr l'eau; et le premier intirme qui avait la bonne fortunę d’y Atrc plongi en ce moment, itait guiri, Sainte Annę a voulu avoir aussi A Keranna. non loin de sa de-racuro prifirie, une piscinc miraculeuse; et c‘est elle qui est ici l'ange consolateur qui communique aux eaux une vertu salutaire. » — Du reste cette piscine mćme ne fait quc symboliscr une autre source incomparablement plus pricieuse encore, la source intaris-sable de la grAce que le culte de sainte Annę cntretient ici. •
Aji retour, — Tome 1,176. — La jeune aveugle de Loudiac ne coramcnęa de voir qu’A Moustoir-Hemungol, pendant son retour, et ne recouvra la vue complete que le lendemain de son arririe cher elle.
Au tome II. 19.), on troure un enfant, perclus de tous ses membres, qui ne fut guiri qu’A son 5* pilerinage. II venait de Sainl-MolfT (Loire-Infirieure).
(1) Prodi-eerbauz: II, 82, etc. Des pAlerins viennent A pied de Saintes (1,355). de Saint-Nazaire (437), dc Saint-Malo(520), d‘Evran |523), de Ouintin |539). de Rennes (596 et 607), — II, 505.
CLI, 239. - 11,500, etc.
(2) I, 511 et 730; - II. 10. 286. 307.
(3) I,7W et 592, etc.
(4) 1, 264, 186, et 335 ; - II, 24 et 444.
chóteau lointain jusqu’& la chapclle bćnie (1). Plu-sieurs, en arrivant au village, se tratnent k genoux nus tout autour de la chapelle... (2).
« Rendre le voeu » ce n'est pas seulement vcnir, c’est souvent apporter une ofTrande.
La naturę de ce don est trfcs r&riće, commc la condi-tion mćme des personnes qui ćmettent le vceu: les marins apportent soit le pavillon de leur navire, soit un bout d’agr£s, les captifs un anneau de leur chalne, les paralytiques leurs « anilles ». Pour les guśrisons des blessures. cest une figurine de cire (3) et pour les gućrisons des m'aladies, c’cst souvent une chemise pour 4tre remise aux pauvres. Des gens, pour lesquels on avait dójń fait les prćparatifs d’ensevelissement, viennent. dćposer aux pieds de sainte Annę « leur suaire et leur croix d agonic » (4). 11 y a des pfclerins qui offrent un cordon de cire assez long pour faire « une ceinture autour do la chapelle » (5); un cultiva-teur apporte le prix d'une t6te de bćtail, un marchand quelques aunes de toile, un nśgociant la va-leur du premier vin sauvć du naufrage (6). Une reli-gieuse de la Visitation de Rennes (fait curicux k noter pour 1’histoire du culte du Sacrć-Cceur) envoya en 1652 un coeur dargent, qui portait d'un cóte le nom de Jćsus et de 1’autre celui de Marie (7).
(t) Cf. 11, 368 et 398. - Pour les captifs, cf. I, 230 et 635.
|2) I. 312, 318, 423, 439, 461, 485, etc.
Voir « Phyiionomlt du Vtlerinage de Saintc-Anne au XVII* titclc ».
(I. P- 21l».
(31 Les rarietćs de ces figurines sont nombrcuses; tantót une main, une jambe, une tćte.en cire ; tantót un enfant en cire, du poids du malade au moment du voeu (1,661, et II, 63, etc.)
(4) L'exvoto du iuaire et de la cn>ix est un des plus fróquents. On lit souvcnt ce dćtail dans les depositions : • On avait dćjA fait son suaire et próparć sa croix • ; — ou encore : « son suaire et sa croix, qui ćtaicnt dójA tout próts pour l'ensevelir. ■
(5) II, 202. — Voir dans le P. Kkrkatoux le Utracie de 1712.
(6j 1,652 «t 660, 316; — II, 18.
(7) II, 160. — Cet ex-roto est intóressant A noter pour Ihistoire
SAINTE-ANNR D'aURAT. TOME II 22