ąuelle avidite on achete et lit la version hollandaise. Meme les Ministres calvinistes la devorent199). L/esperance de Neercassel, exprimee dans la lettre a Bossuet du 5 fevrier 1676, et partagee par ses pretres 200), n’a donc pas ete trompee.
Deux ans et demi plus tard il demande a M. de Meaux la traduction latine de YAvertissement pour augmenter Tetonnant succes qu’a eu la version latine201).
Si Ton considere encore ce qu’il lui ecrit sur la Conference avec Claude, ,,assez elegamment traduite en hollandais”, et qui se trouve „entre les mains de tout le monde, ou plutót inscrite dans le coeur des savants et des ignorants”, on souscrira de tout coeur aux paroles de reconnaissance qu’il lui adresse a cette occasion: „nous vous devons beaucoup, moi et TEglise confiee a mes soins” 202).
La Hollande a pu le lui rendre. Certes, du temps de Bossuet, c’etait le foyer de Theterodoxie europeenne. Tout ce qui devait fuir la lumiere au pays du Roi-Soleil, voyait le jour dans ces contrees hospitalieres. On a pu appeler la Hollande „province franęaise”, si grand etait le nombre des livres franęais qu’on y publiait 203). Ce n’etait sans doute pas la province
la plus docile, et M. de Meaux n’a pas ete le demier a se plaindre de ces
presses incontrólables qui produisaient tant de venin pour les ames, et de ce pays ou tout etait permis, ou vivaient tous les ennemis de la foi 204). Mais cette liberte meme avait un bon cóte: la Hollande etait un centre
intellectuel et commercial, et ses editeurs possedaient de nombreuses
relations a 1’etranger. Bossuet a profite de ces circonstances privilegiees pour faire passer ses ecrits aux pays protestants du Nord.
Deja le 29 mai 1673 Ferd. de Furstenberg, eveque de Paderborn, lui avait ecrit qu’il avait conęu le dessein de faire traduire YBxposition en latin, pour qu,elle put se repandre par toute TAllemagne. Mais il priait Bossuet de mettre plutót lui-meme son ouvrage en latin 205). Jusqu'en 1681 M. de Meaux n’avait pu donner suitę a cette proposition, ni n’avait reęu
19fl) Lettre a Pontchateau du 25 oct. 1678, Correspondancc, t. II, p. 186, notę 5.
200) „Nostri ecclesiastici valde probant istud opusculum, magnumque ex illo fructum sperant proventurum.,, (Lettre a Monfrin du 10 £evrier 1678, Alg. Rijksarch., den Haag, Inv. O.B.C. 133).
201) ler sept. 1679, Correspondance, t. II, P- 185. Dans la lettre du 21 janv. 1680 (Ib., t. II, p. 191) Bossuet lui annonęa Tcnvoi dc cette traduction, en insistant encore une fois pour que Neercassel eut soin de faire corriger les fautes de la premiere edition. La seconde parut en 1680 chcz J. Naulaeus a Anvers. II y en eut des re-editions en 1681 et 1684. Le 15 sept. 1680 Neercassel parła encore d’une edition franęaisc qu’il a fait paraitre chez les frćres Bomii a Amsterdam. (Cf. Appendice III).
2°2) Le 27 mars 1683, Correspondance, t. II, p. 363.
203) A. Vinet, Histoire de la predication parmi les reformes de France au XVIle siecle, p. 473.
204) Defense de la Tradiłion, prefacc, CEuvres completes, t. II, p. 131.
20C) Correspondance, t. II, p. 289.
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