la traduction que le prelat allemand avait fait ensuite entreprendre. L/on se figurę aisement quel tourment c’etait pour lui, devore par tant de żele apostolique.
D’ailleurs l’eveque allemand n’etait pas le seul a avoir insiste aupres de lui pour que cette traduction se fit. Le marquis de Feuquieres, ambassa-deur de Louis XIV en Suede, lui avait ecrit qu’elle y ferait beaucoup de bien20G). Le besoin etait pressant. Enfin, apres huit ans de delai force, il vit la possibilite d’y satisfaire. La version latine venait de paraitre en Hollande. II y connaissait un personnage influent. Sans plus tarder il alla droit au but. Le 8 mai 1681 il transmit a Neercassel ce que ,,1’illustre ambassadeur” lui avait ecrit de Suede, et le pria de chercher une voie par laquelle son livre put entrer dans cette region, dans les pays voisins et dans toute L Allemagne „jusqu’a la cóte de la Mer Baltique”, pour y pro-pager la doctrine catholique 207).
La tache ne fut pas si difficile, puisqu’en Hollande tous les chemins de 1’Europe se croisaient. Neercassel consulta les editeurs d’Amsterdam. II reussit rapidement dans ses demarches. Quatre mois plus tard il pouvait deja annoncer a M. de Meaux qu’il avait trouve un editeur qui se rejouis-sait d’avoir ete invite a ce travail, dans Tespoir de vendre en Allemagne pas mai d’exemplaires de l’ouvrage. L’homme d’affaires hollandais flairait les benefices. II etait convaincu que le livre trouverait des acheteurs tres avides sur les marches de Francfort. II avait deja envoye plusieurs exem-plaires a Hambourg et il allait en envoyer a tous les ports de la Mer Baltique 208). Ce n’etait pas la un service insignifiant que la Hollande rendit ainsi a Bossuet et a la religion catholique. Le succes espere ne se fit pas attendre. Les temoignages en abondent.
Le marquis de Feuquieres fit savoir a Tauteur que YExposition etait arrivee en Suede, et qu’elle avait produit sur quelques Suedois des plus illustres une si profonde impression qu,ils se proposaient d’aller rejoindre Bossuet pour approfondir sous sa direction leur connaissance de la sainte doctrine 209). En Allemagne la demande etait si grandę que les exemplaires qu'on y avait envoyes ne suffisaient pas a y pourvoir, et qu'on faisait un nouveau tirage a Cologne210). Les resultats peuvent aisement se mesurer
206) La lettre qui contient cette communication, ne nous est pas parvenue. Bossuet lui annonęa le 2 fevrier 1674 Tenvoi de deux exemplaires du livre. (Corres-pondance, t. I, p. 311).
207) Correspondance, t. II, p. 224.
2W») La lettre du 21 aout 1681, Ib., t. II, p. 249.
209) Cf. la lettre de Bossuet a Neercassel du 22 sept. 1681, Ib., t. II, p. 254. II s’agit entre autres du Danois Winslow, un des proselytes les plus celebres de M. de Meaux. (Cf. Ch. Urbain dans la Rezme du Clerge franęais, t. 32 (1902), p. 113 sq.).
21°) Neercassel a Bossuet, le 23 oct. 1681, Correspondance, t. II, p. 259.
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