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fois” 318). Dans ce dessein un theologien devrait analyser les oeuvres dog-matiąues et exegetiques de M. de Meaux. II est a regretter que ce travail n’ait toujours pas ete fait. En attendant nous ne pouvons que mettre quel-ques points d’exclamation et d’interrogation.
Tous ceux qui se sont pose la question sur le plan du dogme, sont d’accord pour reconnaitre qu’il faut la resoudre negativement, a part peut-etre quelques affinites de doctrine 3,0).
Cette restriction, faite par quelques-uns, est-elle pleinement justifiee? Le silence que les protagonistes de TEglise d’Utrecht — dont surtout Quesnel — font systematiquement sur lui, des qu’il s’agit de la grace, ne fait-il pas supposer une absence complete de parente?
Certes, on peut trouver dans son oeuvre des textes qui pourraient servir a prouver le contraire. La corruption originelle est un theme qu’il manie avec beaucoup d’aprete; les enfants morts sans bapteme, il les considere comme damnes 320); il ne voit aucune possibilite de reconnaitre chez les infideles une vraie vertu321); il insiste beaucoup sur la grace efficace par elle-meme et sur la distribution de la grace selon le plan d’un premeditation purement gratuite; comme chez les Port-Royalistes son admiration pour la tradition est un peu trop autoritaire et exclusive.
Mais a Tencontre de ces textes on en a produit d’autres qui le prouvent hostile au jansenisme; et a cóte de sa preference marquee pour l’antiquite on peut mettre sa grandiose vue d’ensemble sur la destinee de Thumanite, sa philosophie de Thistoire, et Taspiration mystique de son ame a Tunion avec Dieu, qui, sous cette formę, ne se rencontrent point dans Tathmosphere janseniste. Ses perspectives universelles creent un espace infiniment plus vaste que Tetroitesse dans laquelle les jansenistes sont pousses par leurs angoisses et leur crainte de Tenfer; mais en meme temps elles font naitre la tendance a negliger les nuances qui donnent a Thistoire sa variete.
De la faęon qu’on Ta soutenu, le debat est arrive au point mort. La question n'est pas la. Au fond, il faudrait savoir si les elements que Bossuet semble avoir de commun avec les jansenistes ont chez lui le sens qu,ils avaient chez eux, ou bien celui qu’ils revetaient dans Toeuvre de Saint-Augustin. Sa „grace efficace par elle-meme,, detruit-elle la volonte, ou donne-t-elle a celle-ci de vaincre la chair? Ce qu’il importe de tirer au clair, cJest de savoir si pour lui la grace, restant exterieure a 1’homme, le rend esclave, ou si plutót il considere en elle avant tout TAmour divin qui vient
318) A. Rebelliau, Bossuet et le Jansenisme, p. 3, 5.
319) Cf. en dehors des etudes deja signalees de de la Broise, Gazeau, Ingold, Rebelliau et Urbain, Th. Delmont, Bossuet et le Jansenisme; Francesco Ruffini, La Vita religiosa di Alessandro Manzoni, t. I, p. 353 sq., p. 390 sq.
32°) La lettre dite des cinq Eveques du 23 fćvr. 1697, Correspondance, t. VIII, p. 151 sq.
321) Les lettres a Charles de Brisacier du 30 aout, du 8 sept. et du 13 sept. 1701, Ib., t. XIII.
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