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tres en brousse. Sa jeune femme 1’accompagne. Voila comment il depeint sa vie : «On partait au lever du jour, de maniere a arriver a 1’etape — 20 a 25 km — avant midi. L’apres-midi etait consacre a ecouter les palabres et a faire les recensements. Dans 1’entre temps, Yvonne ouvrait sa pharmacie portative, pansait les plaies et admi-nistrait des medicaments. Le soir venu, on allumait un grand feu autour duquel les notables venaient s’asseoir. Mis en confiance, ils parlaient d’abondance et on pouvait degager de leurs discours des donnees interessantes concemant leurs conceptions et 1’histoire de leur tribu». Ici se manifeste deja Tamical interet qu’il eprouvera toujours pour les Congolais.
En juin 1922, le District est transfere a Albertville, ou notre confrere s’installe. Tout est a construire dans ce port qui va devenir une des portes de sortie du Congo. En plus de longues toumees en brousse, il effectue trois sejours au Tanganyika Territory ou sa connaissance de 1’anglais est precieuse. II y inspecte les zones franches mises a la disposition du Congo et constate que la majeure partie des importations provient de 1’Inde et du Japon. Certes, il y a la un debouche interessant pour 1’industrie belge. II redige immediatement un article a 1’intention de la Societe belge d’Etudes coloniales. C’est le premier d’une longue serie d’ecrits qui auront generalement pour objectif la defense des interets communs du Congo et de la Belgique. En mai 1923, Madame van der Straeten met au monde une petite filie, mais 1’enfant pousse difficilement. Toutes deux doivent donc regagner la Belgique. En mars 1924 enfin, un telegramme de Borna annonce au jeune A.T. sa nomination comme attache au Cabinet du gouvemeur generał. Sa carriere a la Territoriale a ete breve, mais deja il a fait ses preuves: le gouvemeur generał Lippens, inspectant le Katanga, a ecrit dans son camet de notes : «Elisabethville - visite Union Miniere ; affaire d’avenir, appelee a un grand developpement... Albertville - un homme : Edgar van der Straeten...».
Le voyage entre Albertville et Borna dure 5 semaines. Notre colonie est encore un pays bien fruste. La vie a Borna manque de charme : c’est un vieux poste triste et laid, indigne de sa vocation de capitale d’un grand empire. Heureusement, le
nouveau gouvemeur generał Rutten entreprend, avec son attache, un grand voyage
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dans le bassin du fleuve Kasai. Ils visitent le Kasai, le Kwango, le Sankuru. Notre confrere peut acquerir sur les cultures tropicales et 1’industrie agro-alimentaire des connaissances qui lui seront tres utiles pour la suitę de sa carriere. II a constate 1’importance de la culture du coton qui vient d’etre introduite. II s’agit la d’un moyen dassurer le mieux-etre de milliers d’indigenes, lesquels travailleront en tant que cultivateurs independants, de procurer au Congo des ressources considerables et dalimenter les filatures belges, en attendant 1’installation d’usines sur place. Et nous voici arrives a la fin de novembre 1924. Edgar van der Straeten a hate de revoir les siens. II peut enfin s’embarquer apres plus de trois ans passes dans un pays encore sauvage et arriere, ou des maladies endemiques font des ravages, mais ou un renouveau commence a se manifester et qui offre d’immenses possibilites.
Notre confrere, en conge, n’a guere foccasion de se reposer. II publie un «Essai sur l’evolution economique au Congo», sujet qui interesse de plus en plus les Belges.