Michel Pintoin indiąue un peu plus loin que pendant ce meme hiver 1414, l’activite de tribunaux de Paris et d’autres villes du royaume a ete suspendue pendant plusieurs jours, et rai son d’une epidemie qui, chose inouie et digne de mention (a modemorum seculo inaudito ideo nunc notandum), a cause une extinction de voix aux plaideurs, les prwant ainsi de leu eloquence accoutumee105. Toujours sensible au pouvoir des beaux discours, Michel Pintoin st piait a souligner 1'effet produit par (es paroles des orateurs sur les masses. Lors de la revolt< des Maillotins a Paris, l’mtervcntion de messire Jean des Mares, avocat du roi doue d'un< eloquence "ciceronienne" (miliona facundia: L 42), aurait ainsi persuade les emeutiers di renoncer a detruire le pont de Charenton: "Leur projet ne s’accotnplit pas, soit que la crainte di la mort ou le repentir les saisit, soit, ce qui etait le plus vrai, qu’ils fussent arretes par le paroles conciliantes (lenibus verbis repressi) de messire Jean des Marfes], dont l’eloquence le avait souvent seduits et amenes a son avis (cujus eloąuencia sepe capti illius in sentencian i banty (I, 142-143)106.
Michel Pintoin sait d’ailleurs combien peuvent etre redoutables les violences et le desordres provoques par les tumultes populaires (tumultus popularis. Ul, 332; sediciosu. tumultus: IV, SI4), et combien ii est difBcile de ramener a la raison, par de Hdouces paroles (verbis lenibus. I, 140; IV, 514; V, 14 et 124; etc.), une populace (viles, abjectissimi homines I, 138-140; plebs humilis. V, 42) volatile et inconstante107, toujours sensible aux rumeurs e prompte a se soulever, notamment a roccasion des impots. Comme presque tous les auteur de son temps, il ordonne la societe civile en une longue et necessaire hierarchie dominee par I; majeste royale; les mouvements populaires sont dangereux, car ils remettent en cause la stabiliti de redifice politiąue108. Le Religieux compare parfois les emeutiers a des chiens enrages109
105 "Parisius et alibi auditoriis regiis judices multis feriis sedere pro tribunali desierunt, cum tediosa raucita oratonbus et causidicis famosis consuetam eloąuenciam suspendisset* (V. 282).
106 Une fois la lempete momentanement apaisee, Jean des Mares. parcourant la ville en litiere a cause de soi infirmite, se charge de prodamer que le roi pardonne aux Parisiens leurs offenses (1, 148). Mais on accuser plus tard ce mediateur (mediator) d’avoir embrassć la cause des rebelles: il sera arretć. juge et exectae le 21 fevTier 1383. malgre de nombreuses imercessions en sa faveur (I. 244). Voir F. Autrand. Charles VI% pp. 108 109.
107 Pour expliquer le premier soulevement de 1413. Ic Religieux invoque "cet aroour du changement qu tourmente toujours la multitude capricieuse” (cura novandantm rerum mobile vulgus sepius agitatur. V, 6). 1 parte plus loin du "menu pcuple des villes et des cilćs. (...) naturę 11 ement trćs mobile" (ignobile vulgus urbiun et civitatum. natura semper mobile: V, 236).
108 Comme les thćologiens de rUnrversite de Paris, Michel Pintoin connait bien les oeuvres du pseudo-Deni rAreopagite. assimile depuis le CC siecle au saint patron de son tnonastere: elles sont a portće de sa main. dan la bibliotheque dont U a la charge. Ces textes om puissamment contribue a imposer en Occident une visioi