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discours a 1'autre, cc ne sont cTailleurs pas uniąuement des idees qui sont reprises: on retrouve egalement dans la bouche des orateurs des expressions cheres a Michel Pintoin, dont le reperage contribue a mettre en lumiere sa technique d’ecriture. Dans certains cas, il s’agit de reminiscences bibliques: "Sic salubria monita velud aspides surde obduratis auribus audientes" (TV, 626), fait dire le chroniqueur aux conseillers royaux a propos des princes du parti armagnac, paraphrasant ainsi le Psaume 58 (57)12. Ailieurs, c’est un passage emprunte a un auteur antique. Par exemple, Ciceron avait dit: "Dispares mores, disparia seąuuntur studia" {De amicitia, 74); et dans le De finibus (I, 15), reprenant une formule de Terence (Phormion, H, 4, 14), il avait ecrit: "Quot homines, lot sententiae". Michel Pimoin integre ces deux citations au discours qu’aurait pretendument adresse un ambassadeur gantois a Charles VI en 1385: "MeHus me tamen novit eminencia regalis, ąuod in urbibus et magnis hominum cetibus non omnes pari splendent prudencia, nec pań sunt prediti disciplina, sed aliter et aliter ąffectis urbanis, dispares mores, disparia seąuntur studia, ut jurta prudentis verbum: « Quot homines. tot sentencie »" (I. 408)13. Rien ne prouve cependant que ces courtes maximes, au demeurant fort celebres, aient ete tirees directement des oeuvres de Ciceron, sans rintervention d’un quelconque intermediaire; d’ailleurs, il ne subsiste actueilement aucune tracę de la presence a Saint-Denis de manuscrits de cet auteur anterieurs a la seconde moitie du XV* siecle14. Par contrę, on a vu que Michel Pintoin a ete un lecteur attentif de Tite-Live15. On ne sera donc pas surpris de decouvrir dans le discours prononce par un megissier pari sień en 1380 d’autres extraits de cet auteur14. Ou de trouver une phrase des Facia et dicta memorabilia de Valere Maxime, dont le Religieux avait le texte a portee de la main, misę dans la bouche d’un sułtan ottoman17 '* "Sicut aspidis surdae et obturantis aures suas" (Psaumes 58 [57], 5). Ce verset bibliąue revienl sou\-ent sous la plume du Religieux: L 104. 690. 692: II. 494 et 532; HI. 362 et 378; IV, 416; VI. 58, 322. Voir B. Guenee. "Michel Pintoin: sa vie. son oewTe". p. LDC
13 Voir id.. "Fiction et realite dans l'oeuvre du Religieux de Saint-Denis", p. 8. L'auteur a notę que cet ewaii reproduit prcsąue exactcmcnt un passage d’un discours anteneur (I. 146). Au sujet de la participation de Charles VI aux negociations a\ec les Flamands, voir supra, p. 23 n. 28.
u Un manuscht, copie en 1470-1471 par un moine de Saint-Denis. contient entre autres choses des extraits du De Ofliciis et des Synonvma attribues i ton ś Ciceron (D. Nebbiai-Dalla Guarda, La bibliotheąue de l'abbave de Saint-Denis. pp. 220-221. 238. 244 et 268).
15 Voir supra. pp. 55-57.
14 1.46. Voir B. Guenee. "Michel Pintoin: sa vie. son oeuvre\ p. LXIV.
17 O. 498. Voir ibid. pp LX1V et LXVn.