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Le dirigeant chiite reste minońtaire parmi les chiites malgre la combatiuite de son Armee du Mahdi
Isabellc L&sserrc
II y a un an, personne ne connaissait son nom k l’exte-rieur des frontifcres ira-kiennes. Moqtada al-Sadr, 30 ans et un visage poupin, a surgi sur la sc&ne politiąuc en ąueląues semaines, apr&s Far-rivśe des forces amóricaines en Irak. Depuis la treve qui mit fm k la rśbellion de son Armće du Madhi en juin der-nier, on pensait que le jeune radical chiite qui defie les troupes de la coalition s’śtait as sagi.
Les affrontements qui oppo-sent ses combattants aux troupes de la coalition depuis plusieurs jours a Nadjaf et a Sadr City. la banlieue chiite de Bagdad, prouvent qu'il n'en est rien. Au cours d’une confć-rence de presse, Moqtada al-Sadr s’est dit determine k « combattre roccupation a Nadjaf jusqu'a sa derniere goutte de sang ».
Est-ce un hasard ? La treve a śtś rompue au moment ou le grand ayatollah Ali al-Sis-tani, partisan d’un compromis avec la coalition et dirigeant de la Hawza. la plus haute au-torite chiite, a du se rendre a Londres pour se soigner. Les deux hommes se livrent une
lutte pour le contróle de la majoritó chiite. Et pour la premierę fois, 1’absence du mo-dere al-Sistani permet a Moq-tada al-Sadr de tester sa force et sa popularite sur le terrain.
Fils cadet d’un leader chiite trfcs respectś, assassine en 1999, probablement par des sbires de Saddam. Moqtada al-Sadr est avant tout appreciś dans les milieux chiites defa-
vorises. Apres la chute de Saddam et du parti Baas, il a utilise les institutions de cha-ritś cróees par son pere pour faire distribuer de la nourri-ture dans les quartiers pauvres de Bagdad.
La « pensee » du jeune imam de Nadjaf emprunte k la fois au nationalisme irakien et au radicalisme chiite. Pourfen-deur de 1'occupation de 1’Irak par les forces de la coalition, il rśclame le depart immediat
des troupes amśricaines et la creation d'un Etat islamique a Bagdad. « Je suis un ennemi de l‘Amerique et l'Amerique est mon ennemie jusqu’au jour du jugement demier ». a-t-il affirmś lundi.
Ses detracteurs lui repro-chent son inexperience - il n'est meme pas ayatollah puisqu’il a interrompu ses śtudes religieuses - son impa-tience et son radicalisme. Mais meme si les respon-sables americains et britan-niques ne 1'admettent que du bout des levres, sa popularite ne faiblit pas dans les villes du Sud et k Sadr City, la Peripherie chiite de Bagdad, ou il est devenu un symbole de la resistance k 1’occupation etran-gere. Et ou patrouillent les combattants de son Armśe du Madhi, milice crśśe en juin 2003 pour dófier les troupes de la coalition et « proteger » les autorites religieuses installees k Nadjaf, ville sainte du chiisme.
Apr^s l’avoir longtemps ignore ou sous-estime, les Amó-ricains ont ouvert les hostilitós au printemps dernier. Soup-ęonne d’avoir fait assassiner le leader chiite modere al-Khoei en avril 2003. al-Sadr sest vu fermer son joumal, al-Hawza. Certains de ses lieutenants ont etó arretes. Les troupes de la coalition ont ensuite affronte les partisans d’al-Sadr, chassant TArmśe du Madhi de Karbala en mai dernier. Aujourd’hui, c’est Tadministration irakienne qui a pris le relais. Mais elle est confrontóe au meme dilemme : 1’utilisation de la force consolide al-Sadr et attise la violence. Mais ne rien faire parait aussi risque.
Alors que la situation securi-taire ne s’est pas amelioree depuis le transfert de souverai-
netś aux Irakiens en juin, al-Sadr a prouvś sa capacitó k canaliser les frustrations des pauvres et des chómeurs, dont la vie ne s‘est pas ameliorśe avec la chute de Saddam. Depuis la treve, al-Sadr a cree une police religieuse. la « Force pour la promotion de la uertu ». qui patrouille dans les rues de Bagdad pour faire res-pecter la morale islamique. L’imam radical a assurś qu’il ne se melerait pas de politique tant que les militaires americains seront en Irak. Mais beaucoup le soupęonnent de prśparer la creation d'un mou-vement politique en vue des ślections en janvier. 11 reste ce-pendant encore tr§s minori-taire parmi les chiites, qui n’approuvent ni son opposition systematique a la coalition ni ses tentatives de diviser la communautó.
Au cours d’une conference de presse, Moqtada al-Sadr s’est dit determine k « combattre ioccupation a Nadjąf jusqu’d sa derniere goutte de sang ». (Photo Ahmad Ai-Rubaye/AFP.)