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Bras de fer au sein du chiisme irakien

SAMEDI 28 ET DIMANCHE 29 AOUT 2004

Al-Sadr próne Hnstauration d’une republique islamiste, Sistani incarne un courant detache du politigue.

Bush et sa «mauvaise evaluation»

George W. Bush a admis vendredi, dans une interview au New ^v York Times, avoir sous-estimó les difficultes de 1’apres-guerre en I rak. II a reconnu «une mauwise evaluation des conditions» apres une «victoire rapide» remportee sur les soldats de Saddam Hussein. Cest lapremiere fois ąifil avoue clairement avoir sous-evalue les difficultes d'une intervention que radministration americaine avait pro misę courte, peu couteuse en hommes et en argent, et couronnee par une democratisation rapide de ITrak. Bush a nćanmoins rćaffirme que sa «decision de

Irakćtait «suffisammentsouple» pour pouvoir contrer rinsurrection, en citant notamment la situation h Najaf. -^A

AFP:

Bagdad envoyć s paciał

En marge des combats entre rebelles irakiens et forces americaines, un autre duel, beaucoup plus feutrć mais tout aussi achame, s’est livre a Na-jaf, dans 1’ombre du mausolee d'Ali Depuis des mois, deux hommes s'affrontent pour le contróle du tombeau et, au-deli, des millions de fideles qu'il draine chaąue annee. Vendredi, le grand ayatollah Ali Sistani a remporte une in-deniable victoire sursonjeune adversaire Moątada al-Sadr. Sous la menace des blindes americains, lejeune imam ra-dical a du accepter les condi-tions fbcees par le vieil ayatollah et ąuitter le sanctuaire ąifil occupait avec ses miliciens. L'un et 1’autre sont des «sayed», des desce ndants du

Prophete, reconnaissables a leur turban noir. Mais a part leur tenue, tout, ou presąue, les differencie. A 31 ans, Moątada al-Sadr a un visage enco-re poupin. Ses detracteurs «r gaussent de son «immaturite» qu’ils opposent a la «spgesse» d'Ali Sistani, deux fois et demie plus age. Le jeuneimam bene-ficie certes de l^renommee at-tachee a son nom. Les Al-Sadr oni fourni plusieurs grand? ayatollah^, dont son pere, Mohammed Sadeq al-Sadr, assas-sine par Saddam Hussein. Mort. Endepitdesaglorieuse ascendance, il lui manque la le-gitimite religieuse. II n'est pas ayatollah, mais hodjatoleslam, titre d’un rang inferieur. Depuis la mort en 1992 du grand ayatollah Abou'l-Qasem al-Khoi', Ali Sistani est, lui, considere comme le principal marja, source d’imitation pour les croyants. Comme son pre-decesseur, il incarne un courant ąuietiste du chiisme, detache du politiąue et tres eloigne des positions radicales de Sadr. Alors que lejeune leader próne 1’instauration d’une republi-que islamiąue, les dignitaires veneres pour leur talent d’exe-getes qui entourent Sistani es-timent que dans 1’attente d'un retour du Mehdi, Timam ca-che, aucun pouvoir temporel ne peut pretendre a la justice divine. Sistani appelle a la tenue d’elections et a la pour-suite d’un processus politiąue que son rival recuse au nom de la lutte contrę Toccupation etrangere.

Exclu de 1'elite savante, Moą•v: ł

tada al-Sadr recrute parmi les desherites. II s’est engouffre dans le vide cree par 1'effon-drementdu regimebaasiste. II a rebaptise Saddam City, grand faubourgchiite de Bagdad, du nom de Sadr, en hom-mage a son defunt pere. Ses bandes armóes ont impose dans le ąuartier leur ordre islamiąue, rendant le port du voi-le obligatoire et interdisant 1’alcool, la musiąue ou la danse. Contrairement aux princi-

v .

paux autres leaders chiites, il n’est jamais parti en exil et ex-ploite les sentiments antiame-ricains de la population. Mais son Armee du Mehdi, qui mele bandes de ąuartiers et jeunes religieux, manąue d'ex-perience.

Santć. Des le debut, il s’est heurte a la direction religieuse de Najaf. Ses partisans ont as-sassine Abdel Majid al-Khoi', fils d’Abou’l-Qasem al-Khoi, revenu en Irak dans les four-gons de la coalitioa Chasse de Kerbela, il s’est empare de Najaf. Devenuquasimentson prisonnier, Sistani a gagne Londres des le declenchement: des hostilites par le nouveaui pouvoir irakien, officiellement pour raison de san te. En reali-te, pour ne pas servir d’otage et laisser le champ librę aux GI. Mais s^,il a retrouve son pouvoir et sa ville, sa popularite a souf-fert de son absence, peręue par de nombreux fideles comme un abandon. ♦

C.B.

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