sables par paires et facilement obseryablcs : graine verte - grainc blanche, graine ridee - graine ronde, tegument de la graine pigmentć - non pigmente, cosses pleines - cosses plissees, cosses vertes - cosses jaunes, fleur axiale - fleur terminale, tiges longues - tiges courtes.
Ses travaux vont durer 8 ans, mais les essais mentionnes dans son memoire sont ceux des annees 1860, 1861, 1862, 1863 et 1864. Durant les trois premićres annees, Mendel avait etudie son materiel et realise des croisements preliminaires, et ce sont les premiers resultats qui Font amcne a entreprendre un travail enorme, un vrai travail de benedictin; il va rćaliscr 287 croisements sur 70 plantes et dans tous les cas les croisements reciproąues. A chaąue fois il fallait venir enlever les 10 etamines dans les fleurs au stade bouton, encapuchonner cettc fleur extremement fragile dans un sachet de toile ou de papier, puis venir la feconder avec le pollen voulu. Chaąue plante devait etre etiąuetee, numerotee, repertoriee. Mendel n'etudia pas moins de 26.500 plantes, sa proportion de trois phenotypes dominants F2 pour un recessif a ete obtenue avec 14.949 plantes a caractere dominant pour 5.010 plantes a caractere recessif. Les sept couples de caracteres envisages par Mendel donnent 2.187 combinaisons possibles, dont 128 combinaisons homozygotes et Mendel a reussi a isoler les 128 combinaisons fixees que le calcul permettait de prevoir.
Si Mendel meritait de reussir, il a tout de meme eu de la chance, car tous les caracteres qu'il a etudies etaient monogeniąues, les sept alleles consideres se trouvaient repartis chacun sur une des sept paires de chromosomes du pois ; enfin dans la pratiąuc il est rarc d'obscrver un ensemble de resultats aussi proches des chiffres theoriąucs. Cette concordance va d'ailleurs surprendre le statisticien Ftsher, mais s'explique par un phenomene assez particulier chez le pois hćterozygote en autofecondation : les ąuatre grains de pollen formant une tetrade, et dont deux sont dłun type, deux de 1'autre, restent tres souvent accolćs (Weiltng, 1966). Le stigmate reęoit donc en meme temps 50 % de chacun des caracteres. D'ailleurs Tschermak, travaillant lui aussi sur les pois, a trouve des chiffres tout a fait comparables a ceux obtenus par Mendel.
Mendel, qui au debut croyait a Tunwersalite de ses lois, fut le premier a constater des exceptions, d'abord dans le croisement de Phaseolus nanus par Phaseolus multiflorus, le coloris des graines resultant de Tinteraction de plusieurs genes, puis chez les Hieracium ou se produisent des phenomenes d'apogamie (Weiling, 1969). Aussi vers la fin de sa publication, Mendel ecrivait: « Le but des autres experiences ulterieures doit etre de s'assurer que la loi de developpement, decouverte chez Pisum, s'app!ique egalement aux hybrides d'autrcs plantes ». Mais nomme superieur du monastere en 1868, Mendel n'a plus le temps de poursuivre ses recherches de botaniąue et meurt le 8 janvier 1884.
Le journal Brunn Tagesbote dit dans son article necrologiąue : « Sa mort prive le pauvre d'un bienfaiteur, 1'humanite d'un homme du caractere le plus noble qui soit, d'un homme qui fut un ami veritable, un promoteur des Sciences Naturelles, un pretre exemplaire ». « Promoteur des Sciences Naturelles ! » c'est exact, mais a repoąue cela constituait une veritable prophetie, car le memoire de Mendel, publie, il y a deja 19 ans, dans les Annales de la Societe d'Histoire Naturelle de Brunn, etait passe presąue inaperęu, bien que 120 cxemplaires aient ete envoyes a des Societes Scientifiąues ou a des Universites d'Eui'ope ou d'Amerique, et il faudra encore attendre 16 ans pour qu'en 1900 survienne la redecouverte des lois de Mendel qui auront alors un impact considerable.