8197956450

droit, ont ełe accuscr le maire au district, dc ne les avoir nonunćs que par vengeance et partialite : ils ont dit tani de men son ges que notrc digne maire a couru le danger de perdre la tetc : mais il s’est plei-neinent justiflć : cl deniain tous les jcuncs gcns s’as-sembleront encorc a la paroisse. La rćpublique, qui n’a pas gardć In fćtc de 1'Annonciation le 25, a ordonnć 5 tout le niondc de fairc feto deniain, parce qu*H I u i a plu de remettre ccttc fśte apr£s PAques.

Lund i 8 Auril. — II cst venu un comuiissaire de Lesneveu a Plounćventer ; et les soldats rebclles ont •ćtć conservćs dans leur place d’un conscntenicnt una-nimc ; ct tous les jcuncs gens ont ccpendant paye chacun dix sols pour remplacer un des soldats qu’on a rćformćs.

Dimunchc 28 Auril. — Maman et mes stcurs so portent bien k Lesnevcn : aujourd'hui clles ont etć accablecs de sottises en aliant au district qui cst au* Ursulincs, par les troupes qui y logent : « A la guillo-tine, bis, bis, chassons les pul..., haro sur les aristo-cratcs, a mort les aristocrates, charivari ». YoilA cc que tous les detenus a Lesneven sont obliges de souf-frir sans se plaindre, car plus on injuric les aristo-crates, plus on passe pour bon repuhlicain.

L’ne danie avait remis k Sophie Puissere, son amic, une personne dc 20 ans, pleine de vertus et de trćs bonne conduite, des papiers dans deux laies d’oreiller. avec recomniandation de les cacher. Cettc danie a eu rimprudence d’ecrirc d’Angleterre k cette jciinc personne de n’en parter a personne, pas nieme a son p£re ni a sa mero. Le monsietir qui portait cettc leltre a ćte arrete ct fouillć ; ct le departeinent croynnt que ce< taies ne pouvuient contenir que des projets dc conspiration, a envoyć k Lesnevcn, avec ordre de s’en saisir, ct si on nc les trouvait pas, dc guillotincr Sophie Puissere. En consequcnce, la maison dc celle-ci a iii¹

• •

inveslie : un des jours de cette seniaine, le pere, la mćre, et les enfants ont ete mis sćparćmcnt dans des chambres sous bonnc gardę : on a fouille Sophie : on lui a demande ses papiers; ellc a nić en avoir connais-sance ; on lui a montre la lettre, et une fois convnin-cue, on a pris les papiers qu’on a cnvoyes a Quimpcr ; cl on a ordonnć quc Sophie Puissćrć soit miso en prison. Sa inere obtint qu.’elle fut misę en arrestalion . chez M. dti Cosquer, juge de paix, qui en rćpondra. En consequence, la filie dc M. du Cosquer vint prendre Sophie et la mener chez son pćrc, entourće d’unc escorte nombreuse : mais le soir, on se repentit de cel adoucissement : et le district fit inettre cettc jeune personne en prison : et cn y entrant clle fut ćcrouće. On a per mis qu’une femme eouchat 15 avec ellc, et que ses amies pussent la voir. Elle a rcpris loutc sa serćnitć et toute sa tranquillitć depuis qu'elle sait quc son pćre et sa inere nc sont pas conipromis dans cctte ulTairc. Ellc console seS amies et leur dit qu’elle ne craint rien parce que sa conscience cst pure. Ses juges pcuvent-ils en dire autant ?

On a aussi guillotine a Lesneven, mardi dernier, le maire de Plouzćvddć, jeune homme de 28 ans, qui est mort en pardonnant a ses bourreaux, et en priant Dieu pour eux autant que pour lui, et en disant : « Je nicurs pour la Religion, car j’ai cru lui faire du bien en faisant ce que j’ai fait. » On a vouIu lui faire noin-mer les personnes qui Pont engagć 5 se revolter : il ne Pa jamais voulu. IPintrus de sa paroisse, qui Pac-compagnait au supplicc lui dit : < Examinez votrc conscience... > 11 lui a rćpondu : « C*est 5 vous d’exa-niiner la vótre. »

Lnndi 29. — On n’a ricn dit uux dćtenus de l^sne-ven quand ils sont allćs au district : on dit menie que les soldats ne leur tiendront plus les propos que j‘ai marqućs plus haut. Dieu le veuille !