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lis ont accusć les savants, ainsi que les educateurs d'avoir neglige dćlibćre-ment le role du peuple dans 1'histoire, en privilegiant celui de la personna-litć, de 1'heros individuel. L'issue ćtait la science historiąue sovićtique 18. C'est-4-dire, 1'approche des phenomenes historiques & partir d'une conception considćrant le modę de production comme essentiel pour tout changement de la socićte. Le «moteur» de l'histoire ćtait la lutte de classes. L'homme anćanti, comme disait Marc Ferro, ne devait rien k sa volontć, le modę de production etant une explication suffisante meme pour ses exercices intel-lectuels.
On parlait k l'ćpoque de 1'influence dćcisive des Slaves dans le processus de la formation du peuple roumain et de la langue roumaine; du role, tou-jours important, que la Russie et l'U.R.S.S. ont eu dans l'histoire univer-selle et certainement roumaine. Si dans l'entre-deux-guerres 1'idćologie nati-onale ćtait au sommet, dans les annćes cinquante et soixante, les mots « pa-triotisme», ou «conscience nationale» ont etć exclus du vocabulaire. Meme dans les competitions sportives au mot « national» on substitue 1'indćfini « rćpublicain » 10.
En 1965 dćbute en Roumanie la soi-disant pćriode du liberalisme idćo-logique. Les historiens recommenęaient k se retrouver, mais pour tres peu de temps. Les livres scolaires d'histoire, manquant d'un paradigme, abondaient en informations. Si le Parti Communiste et son nouveau chef ignoraient ou, tout au contraire, dirigeaient de l'ombre cette situation, c'est une chose difficile k prćciser 20. En tout cas. des nouvelles solidaritćs ont ćtć crććes autour du regime jusqu'& peu prćs les annćes quatre-vingt. En ce qui eon-cerne la lćgislation scolaire il faut retenir deux importantes rćglementations visant 1'accroissement de la durće de 1'enseignement gćnćral obligatoire 21.
La demiere phase de l'idćologie communiste en Roumanie ćtait celle incamće par le regime politique de Ricolae Ceausescu. A notre avis deux ćtaient les lignes-force de cette pćriode; premierement, 1'accent trćs fort mis sur la perspective nationale. Tout ćtait purement roumain; les Slaves melan-gćs dans 1'origine des Roumains, les problemes avec les nationalitćs, les Euro-pćens disparaissaient d'un coup. En fait, pourquoi parler toujours de 1'Europe? Les ćcoliers du quatrieme savaient que sans les Roumains, 1'Europe n'aurait pas pu exister 22. La seconde direction a laquelle nous avons fait allusion ćtait celle de 1'obsession de l'histoire sans dćtours. Le Programme du Parti Communiste Roumain (1974) legitimait du point de vue de l'histoire nationale le regime et son chef. L'histoire sans dćtours du peuple roumain ćtait ainsi conęue comme une succession logique des processus qui se deroulaient depuis l'antiquitć pour s'achever aux jours de Nicolae Ceausescu 23. Meme
18 Petre Constaiitinescu — Ia$i, Despie activitałea din dotneniul istoriei fi literaturii (Sur l'activitó dans les domaines de 1'histoire et de la littórature), dans ,,Analele Academiei R.P.R." seria C., t. I, memoriul I, 1948 p. 1
19 apud. Vlad Georgescu, op. cit., p. 46
20 Ibidem, pp. 62/63
21 Istenia invdfdm&ntului in Romania (L'histoire de 1'enseignement), pp. 358/59
22 Istoria patriei (UHistoire de la patrie), livre scolaire pour la quatri&me, Bucure$ti, Ed. Didactici ęi Pedagogie^, 1968, p. 49
23 Programul Partidului Comunist Roman de f&nrire a scoieidfii socialiste multilateral dezvoltate fi tnaintare a Rom&niei spre comunism (Le Programme du Parti Communiste Roumain sur Tedification de la socićtć socialiste multilatćralement dćvelopp6eet l'avancóe vers la communisme), Bucuresti, Ed. PoliticA, 1974