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LA SOLUTION 153

precedente, tels £,tienne de Tournai et Sicard de Cremone, il ne veut entendre par droit naturel au sens strict (toujours pris ob-jectivement) que le droit naturel selon la conception du juriste romain Ulpien: ius naturae est quod natura omnia animalia docuit, mais compris toutefois dans le sens d une morale rationnelle, ou Ton reconnait a la raison la maitrise sur toutes les tendances de rhomme. Ainsi Tobjet du droit naturel au sens le plus serre est ce que la raison naturelle edicte au sujet des tendances communes a Thomme et a 1’animal: illa quae naturalis ratio dictat de his quae sunt homini aliisque communia (in IV Sent. d. 33, q. I, a. I, ad 4) Mais il y a le droit naturel specifiquement humain, le droit des gens, et c’est lui qui fournit la reponse.

Qu’est-ce d’abord que ce droit des gens? Puisque tel bien exterieur d’apres sa naturę n’a pas d’ordonnance particuliere a tel homme, pour qu’il parvienne a etre considere comme bien propre, comme sień, il est necessaire que Thomme se serve de son intelligence, et qu’envisageant une fin a atteindre (v. g. la prosperitę de cet objet) il en vienne a cette conclusion spontanee qu’il faut avoir un droit de possession personnelle sur cet objet, par

1. Ce point a ete magistralement elucide par Dom Lottin, 0. S. B. (ouv. cit., pp. 61-67). On peut ajouter d’autres textes qui le confirment, v. g.

1* 2“, 106, 1, ad 2; 2® 2»e, 87, 1; q. 154, 2.

De plus, une recente etude vient de montrer que les notions du droit romain penetraient doucement depuis quelque vingt ou trente ans dans la theologie scolastique, et provoquaient des reactions vigoureuses. Mile M. Davy, etudiemt une collection de sermons (Paris, B. N. lat. Nouv. acq. 38) preches aux eleves et maitres de Paris par des maltres dominicains et fran-ciscains au cours de 1’annee scolaire 1230-1231, a releve chez ces predicateurs une opposition violente faite a la fois et a la philosophie d’Aristote et aux decretistes, trop ferus de droit romain. (Les sermons unioersiiaires parisiens de 1230-1231. Contribution a Thistoire de la predication medievale. £tudes de philosophie medievale, 15, Paris, Vrin, 1931, p. 82-90).



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