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13 Notes de lecture 189

modemisation en Serbie au XX* siecle, ou Fauteur examine les deux voies de moderaisation connues en Yougoslavie: celle d’apres 1918 et la seconde adoptee apres 1945: 1’auteur conclut, a raison, que dans les deux cas la modemisation a etć largement retardće par les problemes decoulant des tensions nationales, mais qu’un revers s’est manifeste aussi, car la modemisation a eu la tendance d’exacerber ces tensions, en faisant usage de modalitćs spćcifiques. Ce qui plus est, remarque Mira Bogdanović en reprenant une these rćcente de Fhistoriographie concemant la Yougoslavie d’apres 1945, ce pays s’est trouvć, au milieu des annees ’60, dans une grave impasse economique parce que, dans la vision communiste, la modemisation ne pouvait plus offrir de mesures viables aux problemes crees par elle-meme, tant dans Peconomie que dans la socićtć.

La deuxieme partie du volume, comprenant surtout les contributions des historiens, est la plus consistente, sous Faspect quantitatif que sous celui des modalitćs d’approche du phenomene. Pour ces raisons-ci elle a etć divisće en huit parties. Toutes les etudes ont un ćlćment commun, essentiel et important; la franchise presque pathćtique, avec laquelle on y essaie de trouver certaines reponses objectives, plausibles qui ne disculperaient personne, a la question qui persistera longtemps encore: comment fut-ce possible qu’une crise d’une telle intensite surgisse, au niveau d’un pays . tout entier, en FEurope du XX^C siecle?

Chacune des contributions nous offre un fragment, de plus grandę ou de tnoindre etendue, d’une reponse cornplexe mais non complete k laquelle s’ajoute Pćlćment supplementaire, notamment Fintćret, vu que cette rćponse vient directement de Belgrade. De toute faęon, la realite est douloureuse et bien loin d’etre simple. Parmi les etudes qui analysent la politique du regime communiste, nous avons retenu celle de Vera Gudac, La politiąue du Parti communiste yougoslave, 1945-1953 en tant ąue facteur de blocage du processus de modemisation dans le milieu rural, ou Fauteur soutient que la modemisation, sous les communistes, s’est reduite uniquement a une industrialisation accćlćrće, entierement dirigee par FEtat, Fintćret pour Fagriculture etant completement annihile par la collectivisation de Fagriculture, de meme que par les quantites obligatoires en produits agricoles. Les mesures appliquees dans le domaine de Fagriculture et decoulant de la strategie communiste ofFicielle ont conduit non pas a la modemisation, mais a son blocage.

Dragoljub Petrović, specialiste en Sciences juridiques, s’occupe de La situation legale de la Serbie a la fin du XX* siecle, en y realisant une excel!ente analyse de l’ćvolution des formations ayant des structures d’un Etat, d^ord sur le territoire serbe, ensuite yougoslave, depuis 1815 a nos jours. II convient de retenir le point de vue de Fauteur selon lequel, apres 1945, la Serbie fut la seule des six rćpubliques qui formaient Fancienne Yougoslavie ayant une structure mixte, car elle engloba deux unitćs territoriales autonomes (Vojvodina et Kosovo), autonomie abolie apresent. Des questions lićes k Fćvolution de PEglise orthodoxe serbe dans les conditions prćcaires de la socićtć communiste forment Fobjet de Petude L’influence de PEglise orthodoxe serbe dans le processus de modemisation en Serbie et en Yougoslavie, redigee par le dr. Ramila Radić qui conclut que dans les annees 1945-1990 Feglise serbe, depourvue de pouvoirs et incapable de s’adapter, est devenue une grandę victime de la modemisation, sans aucun allie.

Vers la fin du volume le lecteur trouvera Fćtude du dr. DuSan Janjić La Serbie entre le passe et Vavenir\ selon notre avis, il peut etre reęu comme \me conclusion de l’ouvrage considerć dans son ensemble. Benćficiant d’une bibliographie de premier ordre, Fauteur brosse, sans menagement, les caractćristiques de la socićtć serbe actuelle. Tout en rappelant que vers la fin des annees *80 le peuple serbe attendait que des mutations radicales se produisent au niveau de Fensemble de la socićtć, dans le sens de sa moderaisation et de sa democratisation effective, Fauteur conclut: «au lieu d*une interpretation nouvelle, dćmocratique et liberale des interets nationaux, le peuple serbe dut subir une mobilisation nationaliste des masses et la legitimation nationaliste du pouvoir, mises en oeuvre par une partie de Fancienne nomenclatura communiste, dont Fincapacitć de modemiser et de transformer Fancienne socićtć contribua d’une maniere decisive a son effondrement».

Par Papproche sincere, dćlivrće des clichćs communistes et rea *s e dans les conditions d’une haute exigence scientifique, le volume se presente comme un instrum nt utile mis a la portee des spćcialistes par Fhistoriographie serbe.

§tefan Ydlcu