180 Notes de lecture 4
combattu que par Fćducation des enfants pauvres. L’auteur, qui a interrogć des documents de chancellerie et des codes de lois de la periode en question, montre comment Futilite de renseignement a ćte peręue de bonne heure par les elites roumaines; meme si la motivation reste encore religieuse (les princes agissent en bons chretiens), le vocabulaire des Lumieres concemant Fćducation et Fassistance de FEtat pour les enfants pauvres se fraie un chemin dans la rhetorique du temps.
Cristina łon
ANDREI STOICIU, Fiction et realite identitaire. Le cas de la Bessarabie. Prćface de Jacques
Lćvesque, Bucureęti-Montreal, Ed. Humanitas/Libra, 1995, 232 p.
Ćtudier les aspects d’histoire d’un peuple en perspective de Fidentitć qu’il s’assume ou de la fiction qu’il appropie c’est k la fois temćraire et necessaire. Mais c’est en meme temps une perspective obligatoire des qu’on se rende compte que la fin du millenium est caracterisće par les guerre de religions, les croisades ideologiques, les invasions armćes, les chocs entre les cultures. Alors, comment les expliquer, si on ignore les courents souterrains qui reagissent ou eluder Faction des Etats toujours interesses a imposer leurs propres discours?
Un tres jeune politologue, Andrei Stoiciu s’est propose d’analyser «Fidentite nationale» base sur ces categories dłevenements. II considere, a raison, qu’une telle approche «a Favantage d’etre moins courante, plus originale et plus apte a evaluer toutes les forces qui jouent un role dans la transformation de la situation geopolitique» (p. 22). II achoisi le cas de la Moldavie (Bessarabie) parce que le plus significatif de Fepoque pour FEurope de Sud-Est (une ile latine dans Focean slave) consequence de Fannexion russe de 1812 qui ne reposait sur aucune justification historique, economique, culturelle ou ethnique, le mobile russe ćtant purement politique, autrement dit, imperialistę.
L’auteur a constate le manque total d’analyses politiques recents sur les problemes geopolitiques roumains, qui combinaient k la fois une perspective diachronique et la theorie. Le concept d’identitć nationale est precise avec la spćcification que son interpretation differe d’un auteur a Fautre, A. Stoiciu en adoptant un schema theorique qui s’abstient de s’engager proprement-dit dans le debat sur le nationalisme. 11 a adopte la definition d’identite nationale d’apres Roland Breton (Les ethnies, Paris, PUF, 1981) et Fanalyse de Fevolution historique de Fidentite nationale a ćte suivie a Finterieur de quatre grandes categories - Fespace politique, Fespace socio-economique, Fespace culturel et Fespace ethnique. On a resume les principaux ćvenements de Fhistoire, vu que «Fidentite nationale ‘bessarabe’ (les crochets nous appartient) s’est developpee a Finterieur d*un ensemble politique qui a varić selon les temps» (p. 23). Son analyse, tres poussee, est basee sur une riche moisson de faits, et les conclusions pour la pćriode d’avant 1812 sont que la region de la Moldavie situee entre le Pruth et le Dniestr (la Bessarabie) se confonde dans Fespace identitaire roumain depuis Faube de Fhistoire jusqu’au debut du XIX* siecle (p. 69). II n’y a aucune rupture identitaire qui puisse justifier la separation de la Bessarabie des autres pr vmces roumaines (p. 71).
Des Fannexion de la Bessarabie, le regime russe commenęa a mener une politique massive de colonisation de celle ci par des elements ethniques non-roumains et de russification denationalisation) mtensive. L^tilisation de la langue roumaine lut interdite dans le domaine publique, ap ćs 1838 on n’a pas eu d’ecoles qui enseignaient en roumain.
Ainsi, la conscience identitaire roumaine en Bessarabie a ćtć affectee differemment, selon les classes sociales: elle słest repliee dans une attitude defensive, souvent interiorisee, chez les intellectuels ou archai'que, ch z les paysans et d’un voile d^ndiflerence qui lui servait de rempart protecteur (p. 89). La grandę majorite du peuple, formee de paysans, a gardę intacte la langue roumaine, son folklore et ses traditions religieuses roumaines.
Au dćbut de la premiere guerre mondiale il n’y avait d’elite politique autre que celle soumise a Fautoritć de FEmpire russe. Ce qui a caractćrisć le mouvement de liberation en