7 Notes de lecture 183
R.G. SKRYNNIKOV, Tocy^apcTBo n uepicoBb Ha Pycu XIV-XVI bb, IIoabhjkhhich pyccicofl uepicBH, Ed. «Nauka», Novosibirsk, 1991, 360 p.
Le sujet des rapports entre PEglise et PEtat dans la Russie mćdićvale est assez controverse, en premier lieu au niveau du pattem thćoriąue, ou ideologiąue du chercheur. C’est 1 k un des criteres fondamentaux qui differencient deux ćcoles historiographiąues: ex-sovietiques et celle de Pćmigration russe.
Lłhistoriographie ecclćsiastique ex-sovietique, rćpresentee par G. Florowski, G. P. Fedotov, A. V. Karta$ev, I. Meyendorff, I. Smolitsch etc. - met en valeur les problemes de pensće de PEglise orientale, de doctrines th£ologiques, dłattitudes morales de Pindiyidu, aspects ćludes par Phistoriographie sovićtique qui ne s’est meme pas proposće une analyse de la problćmatique proprement dite de PEglise russe en tant que depositaire de la spiritualitć russe.
En essayant de surmonter ces lacunes et de trouver la voie propre k un dialogue authentique dans la cadre d*une seule et meme culture - meme dans Phypostase d’une recherche scientifique aride, R. G. Skrynnikov apporte Punę des plus importantes contributions de datę recente k Phistoire politique de la Russie.
L/impact complexe et profond de PEglise russe sur la societć et les structures’d'Etat est revele par Pauteur par la misę en lumiere des biographies des ecclesiastiques et des ascćtes russes, en commenęant par le pere Serge de Radonej jusqu*au representant des «temps troubles», le patriarchę Iov. La principale source k Pappui de la reconstitution historique est la litterature hagiographique. Les difficultes dont se heurte le chercheur quant a la reconsideration d*un personnage historique sont sourtout dłordre technique. Les ćcrits hagiographiques ont dćpourvu ces hommes de leur individualit£, en ne retenant que les traits communs qui les unissaient en leur qualite de saints de la «Sainte Russie» (syntagme atteste pour la premiś-e fois en 1579 dans la lettre du prince Alexei Kurbski adressće au tzar Ivan le Terrible1.
Le probleme-clef des rapports entre la Russie et la Patriarchie-oecumenique est presente dans la litterature specialisee d’une maniere traditionnelle. Or, la Russie a assimile le christianisme par Pintermediare de Byzance en sa familiarisant de la sorte avec la tradition antique. Mais, les dimensions du «byzantinisme» de la culture russe varient au cours de Phistoire par rapport aux differentes circonstances: Pimmense difference entre Pessor culturel de Pantiquite et de la civilisation chretienne, d’une part, et Phćritage de la Russie traditionnelle d’autre part, difTćrences qui s,amplifient par les invasions tatares et les «nćgociations» militaires avec la principaute lituanienne paienne. (d’ailleurs, les moments favorables k Pobtention de certains privileges, substantiels, de la part de Constantinople coincidaient avec la conversion de quelques membres de la dynastie lituanienne au christiahisme).
Selon Pavis de Meyendorff2, au XIV* s., les relations dyplomatiques de Byzance avec les Ćtats slaves etaient exclusivement d’ordre religieux. Pour la Russie cela signifiait: la nomination du metropolitę - surtout Grec - par le patriarchę de Constantinople; Pinstauration du modele byzantin dans le fonctionnement des deux institutions dont il y est question.
Donc, la vie religieuse en Russie, et, implicitement Pactivitć de son institution repr6sentative etait reglee par les destins de la vie politique. Le transfere, difficile et enchevetrć de la metropolie de «toutes» les Russies de la capitale traditionnelle de Pothodoxie slave qu’ćtait Kiev - incorporć a un moment donnć dans la zonę d’influence catholique - k Moscou, capitale de la Russie du nord-est, coincide avec le processus de fondation de PEtat centralisć russe de la fin du XV* s. Cette transformation succesive connait son comble avec Pinstitution du Patriarchat moscovite de la fin du XVIC s., datę dMmportance extreme dans Phistoire de PEglise russe, celle-ci etant au moment de sa fondation, «une des nombreuses ćparchies de.Póglise byzantine» qui aurait pu accćder depuis longtemps un statut dłindependance dans ses rapports avec la Patriarchie cecumćnique. La
riepenHCKa IlBaHa rpo3Horo c AHapeeM Kyp6cKHM, ed.. I.A. Lurie, Izd. «Nauka», Leningrade, 1973, p.113.
J. Meyendorff, O BH3aurnncicoM McwxacMe n ero pojiH b KyjinypHOM h HCTopi^ecKOM pa3BUTMH bocto^hoH EBponbi b XIV a, in «Tpyabi oTaeaa apeenepyccKon /iHiepaTypbi», Leningrade, 1979, t. 29, p. 302.