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monde et la chair oppcjlent tout cela folie ; oui, ma ch£re Louise, c’est la folie de la Croix ; et heureux ceux qui la coinprcnnent ; ils comprennent aussi pourąuoi ceux qui pleurent sont bienheureux. Vous avez lu ces mots dans l’Kvangilc dc lu Toussaint, pendant que 1'Eglisc unlssait sts cantiques de joie a ceux que chantcnt au Ciel toutes Jes amcs saintes, connues ou inconnues dc la terrc. Cćtait aussi la fóte de vos dcux petits cnfants ; oh 1 quand un autre berccau vous rappellc leur berccau vide, voyez aussi cette couronne qui ne leur etait point due, et que leur envicront cruellement un jour tant d’hommes rcvenus trop tard des plnisirs de la vic.
Je m’oublie, ma bonne soeur, et je nc sais si mes paro-ies ne vous font pas plus de mai que de hien. Sachez au moins <jue je prie pour vous de tout mon cceur ct que j'ai grandę confiance dans l’avenir que Dieu vous prepare, pourvu que vous sachicz vous abandonner entre ses mains. Faites le sans reserve, et il vous benira.
II m’est impossible d^crire aujourd’hui & Aim£e, dont l’aube a fait laadmiration du Seminaire. le jour dc la fete de vos cnfants. Cette grand’mcsse a flni par une migraine si violente qne ma lettrc a etć interrompue pour aller me mettre au lit. — Je remercierai un. autre jour ma vieHle amie qui me saura gr* de vous avoir donn* tout mon lemps. Adieu, aimez-moi comme je vous aime.
5 Nov. mi. LEOPOLD.
Tachez, je vous en supplie, d’aller voir autant pour moi que pour vous, votrc onele Michel Le Nobletz. — Mani* ganccz aussi 1'aflfaire de ses reliques ; je n’ai pas pu, & mon grand regret, aller u Lahaye. — Je pourrais donner au Cure de.-., leur paroisse, une relique de saint Alphonse de Liguori ; on dit quc c’est le chemin de son coeur. Nous verrons si vous serez habile.
Ce que furent au Sćrainaire renscignenient et le prdtigc du nouveaii professeur, )c long retentissement qui s'cn propagea dans le diocese, et qui se poursuit jusqu’ii nos jours, cn dit assez lc mćrite et rćclnt.
G’etaicnt les mdmes dons qui, a Paris, avaient frappć ses amis et ses maitrcs et faisaient prćsager un brillant professeur de droit : pćnćtration de 1‘esprit clartć de la parole, chalcur et coloris de l’ćloquence, inais tout cela afTinć, ćlnrgi, ennobli par les hautes et puissantes synthćscs-de 1'enseigncmcnt romain ; et la vie de PEglise & travers les siicles, esposee et deve-loppee par une ame toute vibrantc, devait ouvrir k cette jeunesse studieuse, inais isolee k la fin des terres par sa ceinturc dc mers, sa langue et ses traditions, des horizons lumineux sur 1‘histoire dc 1’Eglise qui est comme le sonunet dc Phistoirc du mondc.
Longtemps apres, les vieillards qui, au Seminairc, avaient suivi ses cours, aimaicnt k redirc aux jeunes, la llannne qui jaillissait de ses 16vres lorsqu’il dćve-loppait ses thóscs historiqucs sur les origines, les dan-gers, les consćquences religieuses et nationales dę| erreurs gallicanes dont la constitution civile du clerge en 1790 fut la consequence logique, puis sur le mou-vcinent irrćsislible qui, au dix-ncuvióine sidcle prćei-pita les Ames vers Romę et le culte de la Papautć. ce que le P. Faber appcla « la Devotion au Papę ».
I.e gallicanisme avait eu une autre consequence : dćtacher de la liturgie romaine. Beaucoup de dioc^ses s’ótaient erće une liturgie particuliere, et Quimper, jusqu’en 1835, fidele au breviaire dc 1’Eglise Mćre, trouva parini ses honunes influents un gallican pour pousser vers une reformę dćplorable. Les ecrits si puissants de science et de pićtć d^ Dom Gueranger ćmurent les Amcs droites et provoquercnt parini le elergć une reaction salutaire. On voulut prier avec Romę, centre de toute la vie de 1’Eglise, et bientót Ic mouyement vprs 1’unite liturgique fut irrćsistible.
On comprend que cet aspcct du gallicanisme ne fut pyt laisść dans 1’ombrc par M. dc Lćsćleuc* 'et qu’H-devint liii-tuemc un ścho ćloquent de Solesmes, prć-parant Ic rotour prochain aux vieilles traditions du
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