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aucun service » (i). La ruunicipalitć sc plaignait, & jusie droit, du grand nomhre de soldats dont 1’entrefien ćlait laissćfc sa charge. Le Dćpartement ne s'occupait des mili-taires que pour leur donner des ordres de parcourir les communes en vue darróter les ennemis de la Rćpublique; mais leur lournir des vivres a eux et & leurs cbevaux c'etait 1& une affaire dont los reprćsentants du peuple se dćsintćressaient facilement. Aussi, les soldats se eondui-saient-ils dans les campagnes comme en pays conquis, et ne se gAnaient-ils pas pour se procurer par la violence ce que les populalions se refusaient & leur cćder de plein grć. Plus dun d'entre eux fut surpris dans les champs, en flagrant delit de maraude. Dautres ne craignaient pas de sintroduire dans les maisons particulićres et d y dćro-ber ce qu ils trouvaient a leur convenance.
Une lettre de la municipalitć de Saint-Thśgonnec, en datę du 29 Messidor an IV (18 Juillet 1796), nous ćdifie sur la faęon dout les soldats se prenaient pour niaintcnir l‘ordre dans la commuue. II sagissait d une enqućte au sujet de 1'assassinat de Jean-Marie Goarnisson, du village de Coasvout. Ce cultivateur, en revcnanl des chauips, vit « trois militaires armćs de fusil et un autre individu por-tant un tambour, » sortirdc sa maison et seniuircn toute bdte dans la direclion du vallon de la Penzć. 11 s‘emprc$sa de rentrer chez lui, et constata tout dc suitę le vol dont il avait śtć victime. Diminenses quarliers de lard, suspen-dus au plafond de la cuisine, avaient disparu. Les larrons ne devaient pas fttre bien loin, car, gćnćs par le poids de leur larcin, ils avaient nćcessaireineot dd ralentir leur course. Le paysan se mit & leur poursuite ; mais l un des soldats, se voyant sur le point d'ćtre pris, se dćlourna en le menaęantdeson (usil. Goarnisson ne tenait pas&ćchouer
(1) Corropouduncc municipalc, lctlrc du *il Wndcouiurc an V,
LAdministralion municipale se plaignit au Dislricl des violences et dós rapines des soldats, et demanda en outre que lacoimnune ftit degrevćedes lourdes impositionsqui pesaient sur elle. « Saiut-Tbćgonnec, disait-elle, est dans rimpossibililć de fournir la quaotitć de paille, de foin.de grainsqu'on lui róclame, et nous vous demandons 1'auto-risation d'exploitcr les bois nationaux pour ćtre & mćme de fournir du bois de chaulTage aux raililaires. » -
A chaque instant, la m u nici pali tć avait maille partir soit avec rAdminislration centrale du Departemeut, soit avec le cheMieu du District de Morlaix. S'agissait-il dćlu-der ou de retarder I'exćcution dune loi sectaire, il lui fallait agir avec la plus grandę circonspection pour ćviler le reproche d incivisme. II lui suflisait de jeter les yeux autour d’elle ou d ćcouter les rumeurs sinistres qui cou-raient le pays, poursavoirce qu'il en codtait denfreindre les lois rćvolutionnaires. La prison ou l amende, quand ce n‘ćtait pas, apres un simulacre de proces, 1'ćchafaud, attendait les personnes accusćes de favoriser le retour & 1'ancien regime, et rien n'etait plus facile que de dćnoncer son voisincommearistocrateou reactionnaire. Nousavons vu le curó intrus Allanet accuser ses deux bedeaux d ćtre aristocrates. C'est peut-ótre une pareille iniputalion qui fit monter & 1‘ćchafaud Guillaume Le Roux et Marie-Julienne Gigant.
Le 21 Messidor an ll (9 Juillet 1794), le tribunal rćvo-lutionnaire de Brest avait condamnć a mort le marchand Guillaume Le Roux, natif de Pleyber et domicilić a Lan-
(1) Corrc%pondance municipale, Archives de Saint-Thegonncc, Ictlrc du 2V Mcstidor an IV.
•cilitin oioc&SAia dHutoiei it dMaciieologi*. — ł7# tona*. 14