nevroses qui provoquent chez ses lecteurs adoration ou rejet. Pas etonnant, pour un ecrivain chez qui l 'ecriture est deja une pathologie. »248
Julia Kristeva, dans Pouvoirs de l’horreur, associe les phobies avec la capacite verbale enorme. L’eloquence a pour fonction de receler des peurs phobiąues. « En ce sens, la verbalisation est depuis toujours confrontee a cet «ab-ject» qu ’est l ’objet phobique. »249 La langue n’y sert pas a communiąuer, mais elle est un langage de peur et de manque. Kristeva prouve cette opinion par 1’ecriture de Celine. Et quoique la qualitć des romans nothombiens soit douteuse, nous pouvons les ranger, a cause de leur caractere nevrosć, a cóte de l’oeuvre de Cćline.250 « L 'ecrivain : unphobique qui reussit a metaphoriser pour ne pas mourir de peur mais pour ressusciter dans les
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signes.» Et Nothomb meme avoue que Pćcriture, la verbalisation, la creation des mondes artiflciels 1 ’aide a survivre i « Jfecris contrę la mort, parce que l'idee de la mort de ceux que j’aime m ’est insupportable. Ni fleur bleuet ni romantiquesf mes romans sont pourtant des romans d'amour. »252
« J’ai un style paranoiaque. »253
Le langage de Pabjection voile, d’apres Kristeva, 1’agression de la personnalite « en manque». Et l’agressivite sous formę de la guerre et du combat, du conflit intrapersonnel ou interpersonnel, est prćsente dans chaque roman de Nothomb, et Pauteur meme avoue souvent son agressivite silencieuse.
« Ne plus manger... Ne plus jamais manger...
248 www.essecliYe^om/liYres-litterature/on-ne-perd-pasde-fil/amelie-norhombJuni 1
249 Kristeva, J.: Pouvoirs de ihorreur. Essai sur Pabjection. Paris, Seuil 1980, p. 52 r50 Kristeva nomme aussi DostoTevski, Borges, Artaud etc.
251 Kristeva, J.: Pouvoirs de 1’horreur. Essai sur Pabjection. Paris, Seuil 1980, p. 49| I252 ”J’ai un ennemi en moi” Psychologies, 2000 (univers.mylene-farmer.com/nothomb/psychologies.htm)
253 univers.mylene-farmer.com/nothomb/vif.htm
254 Nothomb, A.: Hygiene de Passassin. Paris, Albin Michel 1992, p. 42
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