ainsi un double paradigme qui fonctionne en miroir: elle renvoie l'inquietude qui lui est posee, devenant generatrice d'inquietude, par reaction. De nombreux mouvements de lutte souterraine ont fonctionne et fonctionnent encore ainsi. Le phenomene de resistance a un changement nait des memes bases, qui n'est pas sans lien avec la demarche de prediction de l'avenir: un individu constate la direction prise par des acteurs consequents du monde qui tourne autour de cet individu. L'inquietude le gagne, car la situation futurę resultant des changements qu'impliquent cette direction ne le satisfait pas, ou bien il n'arrive pas a 1'imaginer. 11 va donc developper un comportement de rejet vis a vis de ces changements. Ce comportement est celui de Thierry Ehrmann, mais c'est egalement celui du maire de Saint Romain au Mont d'Or; les deux attitudes naissent d'abord d'une inquietude, au sens emotionnel, meme si elles impliquent des conceptions politiques radicalement opposees. Si les forces de police terrorisent les manifestants avec des armes demesurees et un protocole d'intimidation bien róde, c'est avant tout parce qu'ils ont egalement peur du desordre que la rue peut faire regner, et des consequences, parfois physiques, de ce desordre. L'homme a peur du loup qui a peur de lliomme, resumerait Jack London. Pour Thierry Ehrmann, le loup est un animal plutót familier: « Je sens de bonnes vibrations alchimistes mes petits loups » Appeler ses partisans « petits loups » n'est pas anodin. Au dela de sa dimension solidaire scoute, le louveteau est ambigu. Au XIXe siecle, le ternie louveteau designait le flis d'un ffanc-maęon. Les petits loups humains, ce sont a la fois Romulus, Remus ou Mowgli. De petits etres a nourrir et proteger, mais qui acquerront par la suitę une puissance qui depasse celle de la louve, que ce soit en construisant Romę ou en defiant Bagheerra la panthere. Des lutteurs en puissance, mais qui ont en attendant besoin d'un pourvoyeur, en nourriture, ou bien en ideologie.
«II faut parfois regarder derriere 1’apparat et les rites et comprendre 1’humanisme fratemelle de l’univers CyberPunk. C’est mon monde, c’est notre monde, c’est votre monde. C’est le lieu ou 1’histoire se deroule, d’un futur deja passe. On est tous dans une zonę d’incertitude, post-nuke entre le reel et le virtuel a subir les deviances du capitalisme dans ce putain d’univers et la narration pathetique d’un occident dans les ruines du 9/11 »17 Thierry Ehrmann avec cet extrait exprime sa familiarite avec l'inquietude, par la mention de la zonę d'incertitude, ou tous les reperes sont detruits. II est d'une certaine maniere etrange de voir 1'incertitude et le mouvement cyberpunk si intimement lies. Dliabitude, les mouvements « marginaux » ne se montrent pas en position de ce que la societe d'aujourd'hui reconnait comme une faiblesse psychologique, l'incertitude. Avec cet extrait, nous sortons de la zonę de combat, du discours du guerrier. Au dela de sa dimension explicative de la demarche de la DDC, la zonę d'incertitude a valeur de ciment. Elle developpe le
17 Ibid.
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