56
des chasseurs en rythmant leurs pas sur le teuaikan, le chaman represente a lui seul toute sa communaute.
Plus tard se sera au plus vieux chasseur d’abattre la bete, d’une seule balie. La symboliąue se poursuit, « ...le chasseur racontera son exploit maintes et maintes fois pour apaiser 1’esprit du caribou... ». Le makushan qui s’en suit (banąuet ou repas) participe aussi au principe du sacrć et est regit par une ordre hićrarchiąue que tous respecteront: les plus vieux mangent en premier car, « ...1& ou ils vont (la mort), il n’y apeut-etre pas de caribous... ».
Culminant avec Tenterrement d’un chasseur, Perrault nous indique que le cycle de la vie ne fait que continuer. Comme pour le repas communautaire, la procession, la misę en terre, le rassemblement et le discours procedent d’un codę etabli et la communaute s’attend a ce qu’il soit suivi. Les chants de la procession vers le cimetiere, non seulement renforcent les liens d’appartenance de la communaute mais son aussi des appels a poursuivre la chasse. L’enterrement et les prieres' de la communaute sont un appel au Divin, au sacre, dans une communion qui « lave » et « purifie » toute 1’assemblee.
Malgrć la qualite du commentaire et du travail sonore en generał, d’autres aspects nous indiquent clairement l’epoque de sa construction. Contrairement a Flaherty, qui avait reussi a singulariser 1’Inuit en Nanook, Perrault nous montre des Indiens, et pose un regard trćs colonial sur leur monde.
II n’y a pas de complicite manifeste entre le filmeur et le filme dans ce film. L’indien est nomme Indien et pour le montrer, la narration dira aussi ils et eux. Les protagonistes demeurent distants, on sent une certaine gene de leur part a etre ainsi epie par la camera. La sćquence la plus rćvelatrice de ce phenomene est aussi la plus incongrue du film, alors que brisant la convention qu’il avait etablie tout au long de