drait intervenir avec des objections qui ne sont pas sur la top-liste po-litique du moment. Voila pourquoi il arrive souvent qu’un Croate hon-nete, quelle que soit sa profession, regarde en coin les evenements, compte les »morts«, en prenant soin de se mettre lui-meme, avec sa familie, a 1’abri des »balles perdues«.
Le »mouvement de la jeunesse universitaire croate« (qui, dans une autre version, a pris le nom de »Mouvement de la jeunesse universi-taire dc Croatie), est 1’emanation politique la plus directe du »nouvel etat de choses«. Malgre le cours des evenements, en partie inconnu de 1’opinion publique (que Ton prend soin d’envelopper encore d’un voile de negation et meme de desinformations, par le canal de tous les jour-naux qui paraissent aujourd’hui en Croatie ou au dehors,1 ce mouve-ment politique offre aussi un aspect qui depasse une pure et simple phenomenologie de la confiscation des locaux, de la suppression des tribunes, etc. Trois mots d’ordre lances ces derniers mois sont parti-culierement significatifs: ceux concernant le »titoisme catholique«, le »national comme rempart a la metaphysicite et le »besoin d occupa-tion des champs du possible«. Ces trois mots d’ordre ne sont pas direc-tement lies, ils ne correspondent probablement pas au concept de cha-cun des adherents (meme pas parmi les leaders), mais ils revelent une certaine verite de la crise qui secoue la scene politique de la nation, et plus particulierement de l’universite depuis quelques mois. 11 ne faut pas oublier non plus que les consequences de ces mots d’ordre, et d’au-tres identiques, ne sont pas et ne doivent pas etre aussi des consequen-ces du mouvement lui-meme ou de ceux qui le menent, les evenements des derniers mois ont montre que dans ce cabinet de debarras, des mots seniles caracterisant les reunions d’etudiants, des lapsus, et meme une ignorance evidente ont pu prendre 1’apparence d’une plate-forme d’action, mais que, en depit de 1’ignorance et d’une inconscience des consequences, les mots d’ordre gardę une importe objective qui me-rite au moins d’etre mentionnee.
La these sur le »titoisme catholique« correspond en fait a une divi-sion du mouvement politique (titoisme est chez nous une appellation strictement politique, quelle que soit la naturę de ce qu’on lui oppose) en catholique et non catholique. La foi est donc le critere de la division politique - par definition, c’est du clericalisme. Dans ce mouvement, il y avait, cela ne fait pas de doute, du clerical, 1’accent mis sur la nation comme base d’ou decoule l’accidence-individu doit, si 1 on rai-sonne consequemment, conduire a une conception du monde religieuse qui, dans la polarisation politique, resiste difficilement a la tentation de la realisation clericale dans le donnę. Mais cette division fait naltre aussi le sectarisme de l’»autre cóte«, et il n’est pas illogique de parler ici d’extremes apparemment opposes comme des parties du »moment
actuel«.
La th£se sur le national comme rempart contrę chaque metaphysicite prend toute sa signification quand elle est traduite en qaund on soul^ve le voile ideologique et vide qui la rccouvre: il s agit
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La presse quotidicnnc, cn dćpit de la varićtć des themes et des orientations. a fait silcncc systcmatiqucmcnt sur certains ćlćments dc la situation i 1 universite, suivie meme par les journaux »dc la jeunesse*.