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chaque point de vue. Les Innus ont complćtement oublie la camera, Lamothe reussit avec cette sequence un exemple parfait de regard de proximitó.
Voila que (a 26 min.) poursuivant la meme histoire, le film qui s’ćtait ouvert en nous amenant avec lui dans des reprćsentations sur la place publique, se referme et nous amene maintenant dans Pintime, dans le poćtique. Prenons ici notę de la force ćvocatrice et du souffle dramatique de i musique de Jean Sauvageau, judicieusement placće sur les sequences visuellement poetiques (la naturę, pour la plupart du temps) et qui vient par sa presence, creer un espace discursif hors du film, faisant naitre un sentiment indicible chez le spectateur.
Lamothe nous amene ensuite sur la mer, a la peche avec Antoine Małek que Ton suivra ensuite sur la riviere Nutashkuan et nous depose, apres quatre portages successifs, au pied de la quatrieme chute a Nutamehan, l’endroit ou on pourchasse le poisson en vue de Vamener dans le bois. Alors le politique disparait dans Porganisation sociale que nous devoile Lamothe, et on assiste a des tranches de vie en modę cinema-verite, tres pres des protagonistes, souvent en plans rapproches: nous participons a la vie quotidienne de PInnu sur son territoire, nous sorame prćsents, grace a la camera complice et effacee de Lamothe, a la transmission de manićres de faire traditionnelle des parents a leurs enfants, en particulier a une sequence belle a jamais, la peche de nuit aux flambeaux (a 53 min.).
Puis, le vieux conteur du debut du film termine sa legende, bouclant ainsi la boucle du film qui se referme sur lui-meme et apres une sequence (a 63:20) ou on assiste a une messe, symbole du sacre de Pesprit communautaire, Lamothe termine avec son intercesseur, le saumon, qui remonte i chute de Nutamehan, ouvrant grandę la porte avec ces seąuences empreintes de poesie a notre prochain chapitre, le regard metisse.