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chez les jeunes, on abordera la problematiąue du suicide ; a Rapid Lakę, le taux de suicide est sept fois plus elevć que dans le reste du pays.
C’est ainsi que la plupart des problematiques propres aux autochtones de la nation Anishnabe trouveront leur place dans le film, Desjardins nous promenant dans chacun des villages des differentes communautes, qu’il vaut la peine d’ćnumerer ici: Grand lac Victoria, Timiskaming, Lac-Simon, Kitigań Zibi, Kitcisakik, Wineway, Pikogan et Rapid-lake.
Dans chacune des entrevues et dans les plans qui les illustrent, on sent la proximite, la complicite de l’equipe de toumage avec les protagonistes. Pas a la faęon de Lamothe ou de Perrault; ici il n’y a pas de deference sentie de la part de 1’Indien envers le maitre de la camćra. Desjardins a rćussi le tour de force de parler d’egal & egal avec son sujet, d’entree en etroite relation avec son sujet. Ce n’est pas un Blanc qui parle a un Indien. Dćsormais, cette distinction est annulee. C’est un homme, entoure d’une equipe de toumage qui parle a un autre humain et qui, lors des echanges, tente de comprendre un probleme donnć. Desjardins laisse son sujet s’exprimer et ses interventions n’ont pour but que de rassembler ou eclaircir le propos d’une parole qui parfois s’egare. On sent un grand respect de Desjardins dans son approche a VAutre. II est venu a sa rencontre.
Dans ce film, au-dela de 1’histoire, de Pexplication didactique, pas ou peu d’ethnographie : nous ne sommes pas ici a i decouverte de la manidre de vivre d’un peuple, mais plutot k la rencontre de ce peuple et cette rencontre se fait sur le meme territoire culturel de part et d’autre. La proximite est evidente, on parle toujours d^bseryation-participante, mais avec ce degre de plus, une certaine humilite devant VAutre, un respect humain qui, s’il est present dans les films de Lamothe, s’exprime et se ressent de maniere beaucoup plus ćloquentc dans le film de Desjardins.