86
Aimer, finir, Lucie Lambert 2009
Tourne sur les bords de la riviere Moisie, dans la communaute innue de Uashat mak Mani-Utenam, ce film qui raconte 1’histoire d’amour entre deux Autochtones aurait pu etre tourne n’importe ou, avec des protagonistes differents, d’ethnie differente ou encore de condition sociale autre tant cette histoire rejoint runiversel; ce n’est pas la moindre ąualitć de ce film qui a des resonnances dans toute Thumanite au travers des siecles.
D’entree de jeu, sur un ton intimiste, une conversation entre la realisatrice et Saint-Onge nous donnę la piste a suivre pour le film : c’est a un echange que nous sommes convies, echange ou nous sommes invite a prendre place dans le siege du passager, pas en observateur distant, mais bien en tant que participant silencieux a ce dialogue qui se deroule la, tout a cóte de nous. Cette utilisation du temps pro filmique, alors qu’on entend les propos de la realisatrice ou encore que Saint-Onge regarde directement la camćra ne nous distancie pas du sujet, mais nous interpelle plutót a suivre le dramę qui nous sera par la suitę racontć.
Cet endroit intime dans lequel nous sommes invitćs a entrer est fait d’un amour qui perdure au-dela de la mort, du quotidien parfois difficile, de ces moments et gestes de la vie qui participent a ce que Nelligan appelait le spasme de vivre. Lambert ponctue son film de petits riens, quelques plans de coupe du quotidien, des galets alignćs sur le bord d’une fenetre, un enfant pietinant une flaque d’eau; la realite quotidienne nous est rendue telle que la vie nous la propose, en une serie de coups d,ceil et regards exterieurs ou le temps s’etire et parfois, des regards interieurs, introspectifs, et diegetiques : 1’utilisation de photos de Jacques Andrć, ćpoux dćcede d’Anne-Marie non seulement nourrie 1’histoire racontee, mais laisse aussi une eraotion indicible chez le spectateur laisse a lui-meme, dechire entre la