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la resistance passive ot de la perennite do la societe en heritant de la tradition ethniąue ("les irreductibles courrent sfaffilier au Mouridisme d,Amadou Bamba, parce que ce chef religieux, arai et raarabout des anciens Daniels ... a 6tó erige en representant du sen-timent de lrancienne indśpendance" (selon Marty T.I. P. 251). 0-917) Que la conversion des Wolof out pour origine la crise morale causee par la fin de lfindependance nationale, par un souci reel de sanc-tification, par interet social ou politiąue ou par la necessite de renouer dfautres relations interpersonnelles, elle fut. foudroyante. En inoins d'un demi siecle, les marabouts obtinrent par la presence franęaise ce qufils avaient mis plusieurs siecles a preparer : 99$ des Wolof musulmans.
§ 3 - Łe responsable de confrerie
II nous reste maintenant a apprecier le role du serigne sous l'epoque colonialc ct k comprendre 1*influence prise par cet-te autorite dans la nouvelle societe en train de se faire.
La politique coloniale de Faidherbe et de ses successeurs peut etre resumee en une phrase de Paul Marty (1917) T.I P. 10 "On a conduit une politique outranciere dfislamophilie ... Les Francais de la generation precedente (lfauteur ecrit entre 1914 et 1917/ ont fortemont contribue a faire progresser au Sśndgal la re-ligion du Prophete".
Les causes de cette politique sont difficiles a rdsumer brievement. Elles sont dues pour lressentiel k une double situa-tion : lłinfluence d’une part exercee par les premiers cadres de la colonisation, maures, Toucoulours, Wolof islamises, et les con-tacts etroits lies lors de lłexpansion de la presence franęaise avec les grands empires de la vallee du Fleuve aboutirent au fait que "le commanderaent superieur a ete longtemps trompe sur l*etat religieux de 11interieur" (idem. P. 9). De plus, 1*Islam etait une religion connue, deja vecue en Algerie ou les cadres metropoli-tains ont servi. En cela elle etait plus rassurante que "l^nirnis-me" negro-africain qui cadre fort mai avec la conception occiden-tale. La corsequence en fut, selon Marty (idem. P. 10) la theorie "que pour amener les indigenes fechitistes a la civilisation franęaise, il faut le stade de l'evolution islamique". En outre, il est remarąuable que le colonisateur n’ait pas ete rebute par les oppositions tenaces de quelques grands conquerants tels El Hadj Omar dans la vallee du Fleuve. (4).
Notre intention n'est pas de pdndtrer dans les meandres des influences diverses des confreries de rite Qadri ou Tidjane au Senegal (nous renvoyons a l'excellente dtude de Marty a ce sujet) mais de mesurer le role foncier du nouveau responsable. Ricn ne predispose, a lforigine, le responsable d*une cellule musulmane k devenir proprietaire foncier, investisseur et agent dfaffaires.
Ce fut d*abord une question de milieu ; la solidaritd negro-africaine et le sens de la communaute conduisirent a delóguer a son chef les responsabilites globales, en particulier la subsis-tance de la communaute, le principe de la devolution de 1'aumone islamique repondant k ce besoin. Dfautre part ce fut une affaire ćMhommes, dans la mesure ou lfenergie et la yitalite de quelques
(4) Les recits des expeditions et des conquetes pourront etre trouyes dans l'ouvrage de Sabatie (op. cit.) pp. 90/104.