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grąnds marabouts durent se contenter des domaines religieux et economiąue.
Deux figures dissemblables illustrent assez bien, dans notre domaine, les potentialitćs de 1*Islam senegalais au debut du XX siecle : celle d*El Hadj Malick Sy d*une part, qui, d*apres Marty (l917)T.I.P. 203) "ne parait pas jouir d'une de ces grosses fortunes qu'on voit dans les raains des autres Cheikhs senegalais. Nul doute que s'il avait voulu aiguiller ses talibes vers le tra-vail agricole et le negoce, il possederait aujourdłhui de grandes richesses, mais il n*a jamais voulu exploiter sa baraka d'une fa-ęon intensive, et il s’est contentd d'en tirer des prof.its norraaux appliquant avec mesure le principe biblique : "le pretre ioit vi-vre de l^utel" ... ses villages de culture sont peu nombreux. On n’en peut citer que trois considerables : lfun a Gossas, un autre pres de Sent Ebcine, le dernier a Degsao"# A 1’oppose se situe Amadou Bamba, le fondateur du Mouridisme. Selon Pelissier (1966)
P. 324 "le fait est que lui-meme et ses successeurs ont denonce dans l’oisivete la source de tous les desordres personnels et col-lectifs, ont assigne au travail un pouvoir sanctifiant et qu'ils en ont fait un instrument essentiel des vertus mourides". Selon cet auteur, ce travail sera essentielleraent agricole dans le ca-dre des campagnes wolof. Servis par une organisation rigide et extremement efficace, les serigne lanceront a 1’assaut des terres vierges du Ferlo Occidental une armee d*agriculteurs a leur ser-vice exclusif. Les disciples dłAmadou Bamba virent moins la sanc-tification que l*aspect de rentabilitó economique qui fit ć?eux les plus gros producteurs d'arachide du Senegal. Si nous ne som-mes pas d*accord avec toutes les conclusions de cet eminant geogra phe, nous ne pouvons cependant pas entrer dans les details d9une discussion qui fera 1’objet d’autres developpements (5). Disons seulement qu*entre ces deux poles se situe une graduation dans 1*influence islamique. En particulier dans celle des Sheikhs mau-res, tels Sheikh Mahgoud en Casamance, du Sheikh bou Kounta etc.
A la fin de l*epoque coloniale, lf<śtude de P. Quesnot "les cadres maraboutiques de 1*Islam sćnegalais (1958) "permet de coraprendre ce qułest le nouveau serigne et fait ecrire a 1*auteur dans un autre article sur "l*influence du mouridisme sur le Tid-janisme"(1959 ) que "1'Islara devient une bonne affaire financiere'* meme chez les Tidjanes. Nous nous garderons cependant de ces ju-gements de valeur. Selon Froelish (1962 ) p. 310/314, ^influence economique est considśrable. Ceci n*est pas niable, mais nous ignorons lfimportance numerique de leur intervention dans lfappro-priation des tenures foncieres . II faut distinguer deux cas :
- installations sur des terres nouvelles ou les marabouts se re-garderent comme des defricheurs et donc munis des mcmes titres juridiques a l*occupation des terres que dfautres maitres de terre a titre traditionnel.
- sur les terres deja defrichćes, la situation est plus ambigue* Les wolof tidjanes qui sont en generał des "proprietaires fon-ciersM n*eurent pas a subir l^mputation de leurs droits posses-sifs patrimoniaux. Chez les Mourides le probleme est plus com-
(5) Voir notre these de IIIe cycle de lettres prścedemment citee ou nous utilisons nos travaux de terrain et l*ouvrage de Phi-lippe Couty, Doctrine et pratique du travail chez les Mourides
(1969).