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a) Si nous ignorons 1*etymologie du terme (dont l*origine parait serere), la litterature nous presente des orthographes legere-
'raent differentes (lynguere, lindikre) qui n'influent pas fon-damentalement sur son sens.
b) La linguere est un conseiller feminin. A la difference de 1*awo, premiere epouse et des autres femmes du bur, elle a un statut particulier qui en fait un personnage tres~irnportant sur les plans politique, social et foncier.
c) Politiqueraent, elle est la conseillerc du bur. Selon les apti-tudes de ce dernier, elle pouvait prendre une importance telle qułelle sera parfois consideree comme le souverain rśel. Le souverain le plus connu du Walo est une fernme selon P. Diagne (1967) p. 279. Dans ce royaume, certaines linguere sont entrees dans la legende telles, selon A. Wadę, Dyamburgel renommee pour ses pillages, Kendama egorgee par ses adversaires politiques, ou Ndyombbt mariee a un prince Trarza et dont le fils est le seul heritier au debut du XIXe siecle, ou de Ndate Yalla deeri-te par l*abbe Boillat (1855) cf Vincent Monteil (1966) pp.
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De meme au Caycr, Latir Fal Soucabe renomme pour ses metho-des de gcuvernement consistant a "appauvrir les nobles et a les mettre a mort s'il les croyait capables de lui causer quelques em-barras" est ainsi presente par Brue (W) T. II P. 416 : "la seule personne qui eut quelque ascendant sur son esprit etait la prin-cesse linguere, sa raere, a laquelle il n'avait jamais ose desobeir ni meme parler sans se decouvrir la tete". Cfest pourquoi son choix pouvait etre Capital.
Dans tous les cas, il s'agit d'une femine appartenant a la familie royale. Selon M. Niang (1967) P. 42, le plus souvent la mere du souverain reęoit ce titre envie.
Mais 1'institution repondant au souci d'associer le futur pretendant au trone, par 1#intermediaire de sa mere qui e-: soeur du souverain regnant, le bur avait le choix de maintenir place sa propre mere nommee par son predec.esseur ou nommer sa propre soeur, en particulier dans les trois royaumes ou la filiation est a preponderance matrilinśaire. Au Djolof au contraire, selon Gamble (1967) P. 58, la noraination devait se faire au profit de la soeur du pere (la badiane) ou d*une cousine paternelle, la succes-sion aux postes politiques se faisant dans le patrilignage. Dans ce royaume, Labouret ajoute (1941) P. 87, que si on ne pouvait en nommer, elle dtait remplacee par une diebe t fernme de grandę nobles-se ainsi honorće en remplaęant la linguere. On verra ces femmes intervenir dans toute la vie politique, leur accord etait souvent necessaire aux entreprises de chacun.
d) Socialement. Selon lłcxpression de Gamble, elle est "the head of the women of the chiefdom" (op. cit.) P. 58. Selon cet au-teur, "She had ... her perscnnal entourage, her own court concerned with womenłmatters, e.g. cases of adultery". Cepen-dant il ne faut pas en*conclure qu*elle serait 1'homolcgue feminin du bur. Comme le diaraf diou rey pour les problemes mas-culin s elle reęoit par ddlegation la competence de percevoir des droits h lfcccasion des mariages et infliger des amendes aux jeunes femmes coupables d’entretenir des relations hors