Socjologie de 1'enfance 2
Sens et effets de fexpirience d'olphabitisation: le parcours des aduttes...
iTauthenticitć sont, quant k elles, toujours prćsentes, prćgnantes et significa-tives. Le fait que nos repondants puissent avoir, pour plusieurs, longtemps vćcu en marge de l’activite d’emploi ne saurait a cet egard mćdire de 1’impor-tance de cette intention de base.
C’est souvent a travers le prisme de cette intention centrale (ou topique) que se joue Pćyaluation que nos repondants feront de leur expć-rience d’a!phabetisation. C’est aussi k travers ce meme prisme que nos rćpon-dants jugeront des effets de leur passage en alphabetisation. 11 demeure a cet egard extremement significatif de noter le fait que si les effets directs du passage en alphabetisation noffrent qu’en partie les “clćs au monde” (diplóma-tion, formation qualifiante, acces a 1’emploi) que nos repondants cherissaient au dćpart, ces demiers ne sont pourtant pas portćs a remettre en cause leur engagement ou encore & minimiser 1’importance des efforts qu’ils ont su dćployer en cours de route. Aussi importe-t-il de relever le caractere foncie-rement civique de cet engagement et de cette intention de s’integrer. Le fait que nos repondants veulent sortir de la pauvrete et qu’ils se montrent prets a senróler dans des programmes qui, virtuellement, pourraient les aider a se franciser, & s’alphabetiser notionnellement, a obtenir un niveau de formation “ćchangeable” sur le marche de lemploi, et surtout, & travailler, commande a cet egard un respect qui ne trouve pas toujours echo dans les services qui leur sont dans les faits proposes.
Enfin, le bilan de l’experience d’a!phabetisation produit par les appre-nants est realistę en ce qu’il revele ce que cache le discours institutionnel sur la formation et 1’emploi: le fait que le chemin de 1’integration est long, seme dembuches, peut-etre meme irrealiste. Pour cette raison, 1’annee en alphabetisation, bien ąuenrichissante sur plusieurs plans, donnera lieu a une redć-finition des attentes et projets initiaux, qui liaient intimement la scolarisa-tion a des vellćitćs d’insertion professionnelle. Cette redćfinition des projets et attentes s’apparente a une renegociation visant k se proteger du sentiment d’ćchec et k donner un sens positif a l’investissement personnel. C’est ici que laffiliation au statut d’ćtudiant prend tout son sens. Cela explique egalement que le bilan de lexperience soit grossi par le prisme de 1’effort et de 1’engage-ment consentis. II y a ici un silence significatif qu’il convient d’expliciter: si l’experience d’alphabetisation est yalorisante en soi, elle n’ouvre pas pour autant sur 1’horizon de 1’insertion socioprofessionnelle. En ce sens, I’expe-rience d'alphabetisation revele avec lucidite les limites du discours social ambiant qui erige la formation au rang de panacee ^ des contraintes structu-relles fondamentales. Elle rdvele la dimension idćologique du discours sur la formation, qui occulte la situation reelle du marche du travail, reduit 1’inter-pretation du chómage a un probl^me de qua!ification insuffisante et attribue
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