6265889318

A la suitę des travaux d'Odum et Heald, les crevettes etaient considerees comme des detritivores et constituaient donc un maillon important du reseau trophique detritique issu de la production foliaire des paletuviers. Or GUIRAL (in prep.) reconsidere cette positioń a la lumiere de travaux plus recents sur le regiińe alimentaire de ces crevettes (algues epibenthiques ou epiphytiques, invertebres benthiques ou epibenthiques eux-memes phytobenthophages). Quoi qu'il en soit et du point de vue de la production halieutique les crevettes restent un maillon essentiel du systeme trophique etudie.

Le second groupe trophique dominant est celui des planctonophages. On notera toutefois la presence etonnante d'Eucinostomus melanopterus dans ce groupe, alors que son regime alimentaire est generalement microbenthophage (ALBARET &

DESFOSSEZ 1988 ; CYRUS & BLABER 1983). Des 1980 BLABER avait notę la ' predominahce des poissons planctivores dans la plupart des estuaires turbides. Cependant a ce groupe correspondent ici des especes dont la distribution est plutót cótiere (cf. partie IV), alors que leur euryhalinite est forte a quasi-totale selon ALBARET (1994). On peut donc se demander si leur repartition ne suit pas celle du plancton.

En effet, bien qu'une information precise fasse defaut, on peut envisager 1'hypothese selon laquelle le plancton est abondant en zonę cótiere du fait de la richesse en nutriments issus des fleuves et de Taltemance maregraphique en milieu de mangrove (YANCHILENKO et ał. 1988), le developpement phytoplanctonique etant par ailleurs limite dans 1'estuaire par le volume oscillant turbide (cf. § IV-2-l-l). Cette hypothese parait etayee par la concentration minimale en oxygene qui prevaut en milieu d'estuaire (cf. § IV-2-l-l).

Ces differentes questions illustrent le fait que ROBERTSON (1987) ait inclus les relations phytoplancton-zooplancton-necton parmi les domaines encore obscurs de la recherche sur les mangroves.

Autre categorie caracteristique des zones estuariennes et particulierement de mangrove, celle des deposivores. Elle est ici representee par les Mugilides qui ont donnę lieu sur ce sujet a une abondante litterature (STEPHEN & BLABER 1976 ; BLABER & WHITFIELD 1977 ; BLABER 1977 ; PAYNE 1978 ; ALBARET & LEGENDRE 1985 ; KING 1986,...) de laquelle il ressort que ces especes peuvent se nourrir de diatomees, cyanophycees ou bacteries, de meiobenthos ou de zooplancton benthique ; que leur regime est flexible et que les differentes especes selectionnent la taille des particules qu'ils ingerent, ce qui limite la competition interspecifique. Les mugilides sont a notre connaissance les seuls poissons d'Afrique qui utilisent directement Timportante production microbienne et benthique primaire liee aux zones de mangrove (ALONGI1989,1990).

V: Ehtde biologique.

180