victorieuse, et aussi le »Qautrieme etat«, la classe ouvriere, acteur dans la suitę des evenements. Si Ton venait a perdre de vue ce fait, on comprendrait avec difficultes 1’origine historique de la revolution de 1848, ou la Commune de Paris de 1871.
Quand nous n’acceptons pas de reduire la revolution franęaise a son Vainqueur, qu'on 1’appelle Napoleon ou classe bourgeoise, pour quel-les raisons le ferions nous avec la revolution socialiste? Qu’est-ce qui nous empecherait, dans ce deuxi£me cas, de voir dans 1’ombre du Vainqueur, et meme a 1'opposee de ce dernier, dans les conflits nom-breux, des tentatives de detruire les fondements de son hegemonie. Peut-on negliger les resistances aux tentatives du Vainqueur de mai-triser la praxis de la rćvolution, de reduire la revolution au regime du moment?
II serait pour ainsi dire impossible de negliger les oppositions a unc telle issue de la revolution, de laisser s’egarer dans 1’oubli les nom-breuses tentatives de surdominer des issues pareilles (reduction dc la praxis de la revolution), depuis Kronstadt en 1921, jusqu’a Gdańsk en 1970. Ce serait etrange que de negliger les nombreuses revoltes contrę le stalinisme dans les proportions mondiales, depuis 1948 a 1968, depuis la Yougoslavie, la RDA, la Hongrie, la Pologne, jusqu’a la Tche-coslovaquie. Du point de vue bourgeois, les conflits mentionnes et au-tres semblables ne sont qu’un temoignage de la defaite du socialismc tandis que du point de vue du Vainqueur de la revolution les memes conflits sont contre-revolution.
Ce d’est qu’on troisiemc point de vue qui pourrait nous permettrc dc voir que la praxis du socialisme contemporain contient aussi une solu-tion communiste, ce par quoi elle serait en effet le socialisme. Elle cst contenue dans ceux des processus sociaux, dans les reooltes, dont les symboles sont Kronstadt et Gdańsk, et dans la societe yougoslaue elle se manifeste, avant tout, dans les greues ouorieres et le mouoemenl estudiantin. II s’agil d'actions sociales qui ont pour objeclif la liqui-dation de V alienation des conditions de trauail, de la plus-value, de la puissance politique et de la culture a l’egard de la classe ouoriere. Non pas parce que cette classe serait le mandataire prodige de Fhis-toire et que son pouvoir menerait a priori au bonheur de tous, niais parce que l’individu et la societe ne peuvent etre liberes des conditions de classe de leur existence aussi longtemps que la classe ouvriere elle-meme n’aura ete abolie. Dans les deux cas, quand il s’agit de la classe ouvriere et des actions des etudiants - des valeurs et des objectifs communistes originels se renouvellent et se creent des formes d’auto-organisation qui ne comportent pas en elle un regime absolu etabli d’avance. _
II est une autre question, celle de savoir si le regime est socialiste. II Test seulement dans la mesure oii il rend possible, s’il n’encourage pas deja, la legitimite et la legalite de la realisation de la solution communiste, et si Ton n’esp£re pas et Ton insiste pas forcćment sur la concordance du moiwement et du regime. Dans la mesure ou cette solution se realise avec autant de mai que possible et avec moins dc uictimes humaines et materielles que ce ne fut le cas avec les rćvolu-tions anterieures, et que pourrait etre le cas avec les tendances person-
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