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£tats-Unis ont pris aussi une large part k ce raouve-raent progrcssif de 1’arbitrage international. La France ne saurait roublier, et il y aurait de sa part une pre-tention qu*elle n’a pas et qu’elle ne peut avoir, k se croire la nation la plus civilisće.
La civilisation, qui embrasse ktous les pointsde vue le developpement de rintelligence et de 1 activite hu-maines, nous montre combien les nations, selon leurs dłverses aptitudes, excellent dans des directions diffe-rentes, et Thonneur de la France est de marcher de pałr avec les nations les plus civilisćes.
Ce n*est pas la France qui peut en ce moment, sous le poids de ses malheurs, donner une forte et fóconde impulsion k la question de Tarbitrage international. Mais le monde peut attendre d*heureux resultats k cet egard et menie assez prochains pcut-etre de deux grands peuples situes des deus cótds do 1 Atlantique, FAngleterre et les Ćtats-Unis, qui donnerent, on ne Ta pas oublić, en 1783, lesempledu premier arbitrage international.
11 faut ici arreter un moment nos regards sur le mouvement progessif de 1‘idee de 1’arbitrage international chez chacun de ces deus peuples.
Un fait d'abord assez remarquable, c*est que tous les differends qui ont pu surgir entre les Ćtats-Unis et la France ont ćtć rógles par la mddiation et l arbitrage. Le peuple des Ćtats-Unis est celui qui a fait le plus fróquent usage de Tarbitrage dans ses differends a\ec les autres nations, et quant a ceux qui peuvent surgir entre les divers Etats de 1’Union, ils sont regles par les decisions souveraines de la cour supreme fśddrale. Ainsi se trouve r^alisóe aux Etats-Unis rinstitution de ce tribunal international qu'avaient revś Henn IV et 1 abbe de baint-Pierre, pour exercer sa juridiction souveraine sur les conflits i intenenir entre les Ćtats allićs, par le pacte pacifique de larbitrage substituś a la guerre.
On nous opposera peut-etre la guerre de lasćcession comme faisant oinbre au tableau que nous venons de tracer des Etats-Unis. Cette sanglante guerre n’śclata pas entre deux Ćtats; raais entre les deux fractions qui divisferent l*Union amćricaine. Elle est bien regret-table sans doute, puisqu’elle fu couler tant de sang humain; mais n oublions point qu*il ne s'agissait pas du moinsdedeu* conquśrants qui sacrifient la vie de leurs semblables pour se disputer des annexions de territoire et trafiquer des peuples qui les habitent. C etaient deux idćes qui etaient engagćes dans cette lutte terrible, 1'une 1’idśe chrćtienne du respect de la libertć de rhomrae, lautre 1’idće sacrilege de l*es-clavage; et celle qui triompha, vint realiser 1'une des plus belles conqueies du progres morał de 1’humanite.
Aujourd hui, aux Ćtats-Unis, peuple etgouvernenient semblent ćprouver une nieme arubition, celle de la glorieuse initiative de la substitution de l arbitrage a la guerre. Nous avons deja parle de lamission de M. le docteur Miles, qui est venu demander A 1’Europe de s unir aux Śtats-Unis pour la confection d’un codę de droit des gens (1) qui consacrerait cette substitution de 1 arbitrage a la voie des armes.
(1) On doit rappelcr qu’en 1821, dans lAmćrique du Sud, Bolivar fut le promoteur du Congr^s de Pauama, qui arait pour objet dYrtablir un codc de droil public international entre les dif-źrents Ltats, Congres qui resta malheureusement sans resultat, mais qu il est peut-£ire rćservć a t‘avenir de realiser.