110
Notes critiąues
L’un des textes les plus structures du recueil a ćte consacrć par M.-Th. Cheroutre aux Guides de France. Cette branche fóminine du scoutisme catholiąue, apparue en 1923, dćveloppe « un projet chre-tien d’ćducation des filles ». Nćes plus tard que les Eclaireuses, les Guides developpent d’abord une pedagogie specifiąue aux jeunes filles, toumće vers leur destination qui est la maison : « le scout est fait pour l’exterieur, la guide pour finterieur », dit le chanoine Cor-nette lors de la ceremonie de promesse des premieres cheftaines et des premieres guides, en mars 1923. Si la fondatrice, Mme Duhamel, traite directement avec le Cardinal, voire avec Romę, elle se montre tres attachee ii intćgrer les guides dans le concert des oeuvres dioce-saines. Un monde d’adolescentes se constitue : le royaume de Dieu s’atteindra des 1’entrće dans le mouvement et dans la « Foret bleue ». Ce livre mćtaphorique, paru en 1933, sert de fondement a la pedagogie des Jeannettes. L’ouverture au monde s’accompagne d’une pro-fonde ćducation de la foi, tandis que s’eveillent des « vocations sin-gulieres », selon la formule qu’emploie en 1955 Mgr Lallier, chargć des Scouts et Guides de France au sein de la commission episcopale Enfance-jeunesse. Reflexions collectives, retraites, reunions aident les guides a adapter leur pedagogie a la preadolescence et a 1’adoles-cence. Le Concile de Vatican II inspire le nouveau programme com-portant quatre etapes, jeannettes, guides, caravelles, jeunes en marche.
L’evolution du guidisme n’a pas conduit a la fusion avec les Scouts qui envisageaient une telle eventualite. Tout au plus, dans les annees 1965-1970, vit-on une animation commune dans 1’etape ainee. Animation abandonnee, selon M.-Th. Cheroutre sous l’in-fluence de divers elements, dont«la tension entre mouvement d’edu-cation et mouvement de jeunesse, la fluidite dans 1’application de la methode, des tendances destructurantes autour de la notion de projet, une coeducation mai maitrisee dans quelques endroits ». Une coope-ration se poursuit, qui n’empeche pas le rejet d’une fusion des deux associations voulue par les Scouts, les Guides dćsirant maintenir, dans une « union evolutive », « une identite guide et une identite scoute avec double responsabilite a chaque niveau ». En bref, et mal-gre l’ouverture de chacun des deux mouvements, dans certaines conditions, a 1’autre sexe, les guides restent attachees a leur identitć, jusqu’au coeur de l’« intereducation », mot qu’elles preferent k la « coeducation » qui designait la mixite dans les milieux catholiques durant le premier tiers du siecle. « La reconnaissance de la difference », assise sur un enjeu a la fois anthropologique, pedago-gique et ćthique, telle est la revendication de « Notre projet», diffusć le 15 octobre 1992 dans La Croix. II est malaisć de ne pas dćceler la une certaine ambiguite. Les Guides disent en effet vouloir, dans une