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L ’education dans la Peninsule iberiąue
976) faisait encore construire vingt-sept ecoles dans lesąuelles etaient enseignćs le Coran et ses commentaires, la grammaire, la logique, la poćsie et les Sciences - arithmćtiąue, astronomie, musiąue, agronomie - ; la mćmorisation jouait un role primordial dans 1’ apprentissage des connaissances, et des techniąues, comme le comput digital atteste dans le monde carolingien au IXC siecle, s’y diffus&rent au cours du Xe. Selon YInventaire des Sciences redigć par al-Farabi au cours de la premiere moitić du IXe siecle, celles-ci se divisaient en cinq catego-ries : la grammaire, la logique, les mathematiques, puis la physique et la metaphysique, et enfin la politique, le droit et la theologie. Mais d’autres classifications des Sciences, dont certaines parviendront dans 1’Occident latin grace aux traductions, tómoignent de la vitalite de 1’enseignement dans le monde musulman andalou.
Les communautós hćbraiques de la Peninsule, qui s’epanouis-saient alors en al-Andalus, se souci&rent ćgalement de 1’education de leurs enfants. Celle-ci commenęait, dans la midras situće a cóte de la synagogue, par Y apprentissage de la lecture de 1’hebreu dans le Levi-tiąue et dans des textes lus le samedi a la synagogue ; a l’age de sept ans, 1’enfant abordait 1’ćtude de la Mishnah, compilation des tradi-tions et rites de la religion, puis du Talmud, vćritable encyclopćdie des connaissances juridiques et morales redigće entre le IIe et le VIe siecle. L'enseignement parait avoir accordć une grandę place k 1’ćcrit; aux XIe et XIle siecles, en raison de la rarete du papier, les maitres se virent dans 1’obligation d’utiliser pour les leęons des ardoises ou des tablettes de cire. Les traites d’education elabores a partir du Xe siecle divisaient les etudes en deux categories, hebraiques et profanes ; ces demieres incluaient la logique, la rhetorique, la poesie, les matieres du ąuadrmum - arithmetique, geometrie, astronomie et musique - et 1'arabe, auquel s’ajouta par la suitę le latin. Des le milieu du Xe siecle, une academie talmudique s’ouvrit a Cordoue ou se distingue-rent juristes, philologues et philosophes ; au cours du XIe siecle, celle de Lucena puis, aux XIIe et XIIIe siecles, celles de Barcelonę, Tolede et Gerone lui succederent. La pratique de la medecine permit enfin a de nombreux talmudistes, qui ne pouvaient monnayer leur science dans le domaine religieux, de subvenir a leurs besoins.
Les chretiens du nord de la Peninsule et du reste de 1’Europe s’interesserent bientot aux connaissances transmises en arabe par les musulmans et les juifs. D&s la fin du IXe siecle, le monastere de Ripoll dans le comte de Barcelonę avait acquis des ouvrages scienti-fiques arabes et Gerbert d’Aurillac (c.945-1003), le futur papę Syl-vestre II, y etudia les mathematiques. La traduction d’ouvrages mćdi-caux effectuee au Mont-Cassin par Constantin l’Africain dans la seconde moitie du XIe siecle suscita un grand interet en Europę et la Peninsule iberique, oii coexistaient juifs, chretiens et musulmans,