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« crise » et que nous sommes entres dans une nouvelle epoque.

II faisait nuit. Place Saint-Augustin, au balcon d’un immeuble, des lettres etincelaient : jeanne gatineau. II y avait une certaine animation sur la place et j’ai longe la vitrine d’un magasin ou j’allais essayer, quand j^łetais enfant, des chaussu-res et des anoraks pour Phiver. Je me suis retrouve au seuil de Pavenue de Messine et Pai suivie sans rencontrer personne. J’ecoutais fris-sonner les platanes. La-haut, au bout de Pavenue, avant la grandę grille doree du parć Monceau, un cafe dont j’ai oublie le nom. Je me suis assis a une table, sur la terrasse vitree, et j’avais devant moi la rue de Lisbonne dont les faęades rectilignes fuyaient vers Phorizon. J’ai commande un espresso. Je pensais a la guerre, et mon regard accompagnait la chute lente d’une feuille morte, une feuille du płatane d’en face.

Nous n’etions que deux clients, a cette heure tardive. On avait eteint les neons de la salle, mais celui de la terrasse faisait encore ruisseler sur nous une lumiere trop vive.

II etait assis pres de moi, a deux ou trois tables d’intervalle et contemplait une faęade d’immeu-ble, de Pautre cóte de Pavenue. Un homme d’une soixantaine d’annees dont le pardessus bleu marinę etait d*une coupe lourde et demodee. Je me souviens du visage un peu souffle, des yeux ronds et clairs, de la moustache et des cheveux gris — soigneusement peignes en arriere. II

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