Le Iarge cercie formę autour des Anges et de I*Autel par les ąuatre corteges convergeants d’adorateurs acąuiert ainsi plus deyidence, la composition plus dunite et de valeur expressive (PI. XXIX et XL1X).
Autour de la Colombe, Iamas de nuages ardoises (proche des effets de la fin du siecle) a fait place a une aureole irradiante qui accentue l appel vers Ihorizon clair, rythme, avcc 1’Agneau et la Fontaine, la composition verticale, et apporte au paysage sa lumiere irreelle dc jardin de Paradis.
Certes, des arriere-plans restent encore alourdis de nombreux surpeints sombres et opaąues et l Agneau Iui-meme est encore engonce dans une toison de platre du XIX0 siecle. Mais 1'essentiel a ete reconąuis : la profondeur lumineuse et l harmonie des couleurs de F ensemble, auąuel s integrent naturellement les voIets.
La possibilite nouyelle dun contact plus direct avec Foriginal favorise aussi, dćsormnis, la detection des remaniements. Quiconque aura saisi la difference entre le ciel Iimpide du petit paysage de FAnnonciation, au fond de cette rue de Flandre ensoleillee qui conduit a la mer, et le ciel surpeint ou Fecbappee bleue engluee au centre de FAdoration, pourra, partout ailleurs, avec un minimum dimagination, retablir par Iesprit ce que Fetat du tableau ou des connaissances actuelles n a pas permis de rćtablir effectivement.
Puis reviendra le desir de jouir de I ensemble, de reculcr Ientement, face a Fimmense con-struction, pour y saisir de nouveau des ćlements d unite et de grandeur — ciel, paysage ou masses chromatiques — qui, depuis plus d un siacie, selaient etouffćs sans cesse davantage.
En imposant une confrontation constante des diagnostics esthćtiques et des diagnostics tech-niques portes sur Ioeuyre, la ..restauration” a mis en eyidence la concordance des deux formes de ses problemes, et a pose ainsi une question appelee a deborder aussitót son terrain dorigine : celle des rapports entre la conception de Fceuyre et son execution materielle. Preciser les points de contact entre ces deux aspects de la creation artistique, montrer comment la matiere s y est pliee aux exigences de 1’esprit, telle est la tacbe, suggeree par des circonstances cxceptionneIlcs, dont nous voudrions maintenant esquisser les principes.
Appuye par les coupes et les documents radiograpbiques et infra-rouges, I examen des caracteristiques picturales trouve, dans la stratification de la peinture, un livre passionnant ou s est ecrite, feuille par feuille, comme dans une sedimentation geoIogique, I bistoire de I’execution de Tceuvre, de l idee premiere a I etat finał, avec les revirements, les fantaisies, les corrections de 1’artiste, qui nous ćclairent sur I esprit du travail et parfois m&me, jettent une brusque Iueur sur la creation. Examinant ainsi chaque panneau en fonction de sa gen^se tecbnique, le specialiste enricbit son expćrience d un contact plus etroit avec I artiste, comme le critique Iitteraire qui decouyre, a cótć de sa redaction finale, les brouillons d un texte.
La qualite commcnce avec le cboix du supporł et le soin apporte a la preparation, dont la blancheur d'ivoire agira par refIexion pour soutenir l eclat et la Iuminosite des couleurs. Mais le dessin preparatoire revele 1’artiste en pleine creation. Librę et spontane comme une ecriture, ii est beaucoup moins pousse qu’on ne le croit d ordinairc. Bień des details n’y figurent qu’a titre provisoire, comme le prouye la liberie qui sera prise a leur ćgard au moment de peindre. Dans les figures, trćs peu ou point de modele en grisaille, mais presque toujours un clair-obscur Iargement esquisse en bacbures au pinceau (PI. III, 2). De toute evidence, le dessin n’est jamais un camaieu tyrannique qu il reste a colorier, mais bien plutót la misę
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