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crćation d'une telle oeuvre.
Voici comment je desire m'inscrire, dans le paysage theatral contemporain, au sein d'une łnitiation dramaturgique, mais aussi vers Ies perspectives plus gćnćrales de mon ecriture (ma posturę actuelle, par exemple).
Par observation autour de moi, il m'est apparu que certaines personnes ćtaient affcctees d'une formę de derangement comportemental et langagier, la sexophonite aigue. Ce terme est une invention de ma part pour dćsigner une realite concrete et j'en justifierai la definition ainsi que la legitimite dans Ie prćsent essai. Mais, autour du cadre de ce que j'ai crće (la sexophonite aigue), j'exposerai ma vision de la folie ainsi que de la souffiance. J'aborderai ces notions dans Ic but de les lier a 1'interet qu'elles offient a mon ćcriture.
La folie est, selon moi, connexe k la souffiance. Or, si l'on effectue un rapide tour du monde des philosophies et religions, on s'aperęoit que chacune a tente de trouver des róponses satisfaisantes au problćme que pose la souffiance au bien-etre. Tour k tour salvatrice pour les chretiens, sujette a eviction pour les epicuriens, source d'un defaut de perception majeur ou d'une insatisfaction personnelle pour les bouddhistes, on attribue aussi a la souffiance un aspect fissionnel des tribus chez les Juifs. Chez les musulmans, elle est encore synonyme de soumission totale au Prophete. Mais pour les hindous, elle constitue la finalite, noramee liberation finale. Pour les stoi'ques, elle est supplantee par 1'indifference. Enfin, Nietzsche considere que, si la folie ne tue pas, elle rend plus fort10. Du latin follis, qui signifie sac rempli d'air, la folie designerait 1'absence de raison, le derangement, la demence, ou encore la psychopathie. C*est aussi, d'apres certains psychiatres du sićcle demier, nommćs justement alienistes, une alićnation (du latin alien qui signifie devenir autre). Cest encore le phenomene qui designe un ecart par rapport a la normę.
Je souligne, ici, la varietó d^terpretations du phenomóne de la souffiance, inherent a toute condition humaine, et le lien avec le phenomene de la folie. Dans mon
10 NIETZSCHE, Friedrich, Wilhelm, Ecce Homo, Paris, Mercure, de France, 1909, p. 41.