LES PREUYES INDIRECTES 71
la route est ouverte, il n’y a pas d’obstacIe; c’est donc une prae-paratio animi, qui facilite Taccomplissement du precepte: aufert impedimentum huius adus (q. 32, 1, ad 4). Ce premier point de contact n’est pas le seul. Le premier temps de 1’obligation n’est-il pas ex parte dantis ? et ne se determine-t-il pas d’apres la naturę meme des biens materiels in quantum huiusmodi, parce que essen-tiellement bien utile? le superflu doił donc etre utile, cest a cause de cela quil faut le donner. De plus, le liberał ne donnę pas a tous, autrement impediretur adus eius: non enim haberet unde aliis daret, quibus dare conDenit (q. 117, 4, ad 2). N’est-ce pas la la caracteristique du premier temps: donner a qui on veut? Enfin, il y a deux vices opposes a conDenienler dare, uti pecuniis: non dare quod comenienter est dandum, et dare aliquid non conDenienter (ibid.). Mais n’est-ce pas la le rappel exact du grand principe initial des Sentences: qui dwiiiis non utitur ad subDeniendum prae-sentis Ditae necessitatibus, Del inordinate utitur, a Dirtute recedit?
Si donc on parcourt la doctrine des vertus speciales qui diri-gent rhomme dans 1’usage de 1’argent, on y retrouve pour la doctrine de Taumone d’abord la praeparatio animi qui favorise l’acte obligatoire, puis le premier temps ex parte dantis et son caractere propre, et enfin unifiant le tout le principe fondamental de lutiiite naturelle et providentielle des biens terrestres, et par la leur ordonnance aux necessites humaines; si bien que toute la doctrine de 1’aumóne nous apparait maintenant comme le pro-longement logique et harmonieux de ces notions sur les dons a faire.
B) Supposons maintenant le cas de l’extreme necessite en face du riche qui se refuse a tout don; quels principes saint Thomas va-t-il apporter pour justifier 1’action du pauvre qui s’empare du necessaire absolu ? II faut chercher la reponse au traite de la justice, une trentaine d’articles plus loin, en un passage fameux