Ainsi se dessine un Dremier decoupage de l’obiet d’une sociologie de la litterature: il s’agira de rendre compte de la presque totalitć d’un texte a partir de sa structure (a decouvrir), sans iamais rien aiou^er au texte oui lui soit exterieur. Ce n’est qu’en montrant le ca-ractere fonctionnel de la structure que 1’on parvient a une comprehen-slon audientique de l’oeuvre. Cette demarche exige que Ton renonce a accorder une importance particuliere aux intentions de 1’auteur:
»La conscience ne constitue, en effet, qu’un element partiel du. comportement humain et a, le plus souvent, un contenu non adeąuat a la naturę objective de ce comportement*.88
et oue Ton ne surestime nas 1’importance de l’individu. Par ailleurs, »les influences« n’ont elle-memes aucune valeur exnlicative et ne constituent qu’une donnee parmi les autres. En resume, on peut dire oue: »la comorehension est un nrobleme de coherence interne du texte oui sunpose au’on prenne a la lettre le texte, tout le texłe et rien aue le texte, et qu’on recherche a 1’interieur de celui-ci une structure signi-firałive globale: rexnlication un probleme de recherche du suiet indi-vidue1 ou collectif (dans le cas d’une oeuvre culturelle nous pensons, oour les raisons aue nous avons indiquees plus haut, qu’il s’agit tou-invrc d’un sujet collectif) oar rapport auquel la structure mentale oui re<r’ł l’oeuvre a un caract^re fonctionnel et, par cela meme, signifi-catif«.84
Une telle aooroche ne s’insrrit pas seulement contrę la critioue uni-versitaire rlassmue fetude de roeuvre elle-meme. sans raonort a l’his-tnire. etude de la personnalite de 1’auteur, des influenres qu’il a su-b^es'' mais aussi contrę tout approche psychanalytique. Si la sociologie de la litterature et la nsvchanalvse ont ceci en rommun qu’elles re-connaissent que tout comoortement humain fait partie d’une structure si<rnifirative. ou’il est impossible de comorendre ce comoortement sans referenre nrerise de la structure, et oue cette structure est - elle-meme rnrnnrehensible dans sa genese, elles s’ooDOsent sur l’internretation globale du comportement. Alors oue la psvchanalyse tente de la re-duire a la snhere du desir, la sociologie genetique »separe les compor-temenłs libidinaux qu’etudie la Dsychanalyse, des comportements a caractere bistorioue« qui selon Goldmann se rapportent a un suiet tran«:-individuel. Meme si un comportement s’insere dans la snhere libidinale et dans la sphere historioue, le decouoage selon la methode emnloyee ne peut etre le meme. Si la psychanalyse se veut la sphere de 1’interpretation, la sociologie de la litterature sera celle de la com-prehension. Comprendre, remarque souvent Goldmann n’est pas un acte affectif mais intellectuel; c’est la description aussi precise que possible d’une structure significative immanente a 1’objet etudić. II suffit de prendre pour objet d’etude la structure englobante pour que l’explication devienne comprehension. De la sociologie de la littćra-ture, Goldmann tire un principe yalable pour 1’ensemble des Sciences humaines: toute recherche doit se situer a deux niveaux diffćrents, ce-
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