834707726

s Empire et sacerdoce 5. Byzance 125

nese de 1'empereur, le patriarchę rongeait son frein, car il « supportait dif-iicilement l’6venement advenu et se próparait a tout prix pour qu'a la rentrće ■de 1'empereur 1'Eglise soit remaniee de faęon a ne plus Stre gouvemće par lui *¹⁰. Comme la premiere partie de la source qui nous relate cet episode s'est perdue, nous n’en connaissons pas tous les dśtails. Ce qui est ćvident, c’est que 1’empereur de Byzance jouissait du droit canonique de nommer ou transfćrer un prćlat. Ses attributions sacrees ne pouvaient faire un objet de contestation. La portśe de cet episode rćside dans le fait qu'il debouche sur le problćme de la limitation des droits d'intervention de 1’empereur dans le domaine du sacrć, par consćquent le departagement entre la sphćre de 1'Empire et celle du Sacerdoce. Pour ce qui śtait du Sacerdoce, il y avait toute une serie de dćlimitations regardant l'exercice des activites propres a la condition laique, par exemple, 1'interdiction opposće au clerge (siculier ou monastique) de s'adonner au commerce ou a des actmtes militaires. Un do-cument du patriarchę Loukas Chrysoberges (XII^e siecle) estimait particu-lierement nocive cette sorte d'activitćs, qui «melangent choses divines et •choses humaines »^u. Sous le regne des Palćologues il y a eu des cas ou des membres du clergć, a l’instar de leurs confreres occidentaux, prenaient les armes pour combattre les Turcs envahisseurs. Le synode patriarcal bla-mait sóverement de telles initiatives, alors que 1’empereur semblait faire preure de plus d'indulgence a cet egard.

Le problćme du dćpartagement des attributions se devait d’etre con-sidere avant tout face aux attributions sacrees dont jouissait 1'empereur. MSme si transparaissant dans les textes de faęon śpisodique, le fait ne merite pas moins d’&tre pris en consideration. Le document ćlaborć par le synode de Constantinople au sujet des « droits de 1’empereur en matiere ecclesias-tique * est de moindre importance de par ses seules enumćrations ou omis-sions (du reste susceptibles d'etre completśes grace a d'autres sources), que — et surtout — de par le fait qui en dćcoule que, dans certaines circonstan-ces , le departagement entre les sphśres respectives du Sacerdote et de TEm-pire revfetait un caractśre d'acuitć. II va sans dire que 1'Occident a du avoir sa part d’influence en ceci. Rappelons que lors du concile florentin a Ferrare, des le debut, le papę Eugene IV a eu un entretien confidentiel avec le patriarchę Joseph II. Lorsque, au lendemain de cette entrevue, la delegation by-zantine s'est montree curieuse d'apprendre dans quel climat s'6tait deroule 1'entretien, le patriarchę repondit qu'il a eu lieu sous les meilleurs auspices, mais que «la seule chose qu’il nous a reprochóe, c’est la grandę servitude par laquelle nous avons soumis 1’Eglise au pouvoir seculier *^la.

2. VERS UNE DYARCHIE SPIRITTJEI.LE _ UNE TENTAT1VE YOUĆE

A L'ĆCHEC

En relatant les debats du synode constantinopolitain de l'an 1283, qui s'6tait soldć par une condamnation de l’Union de Lyon et des thćses du

¹⁰    Y. Laurent, Les t Mimoires » du Grand Ecclesiarquc de VEglise de Constantinople Syl-sieslre Syropoulos sur le Concile de Florence (1438—1439), Paris 1971, p. 102.

¹¹    M. Gedeon, Edicta canonica Patriarcharum..., Leipzig 1970 (= Idem, Kanonikai di&taiei-s, Constantinople 1889), vol. II, p. 13; H.-G. Beck, Kirche vnd Clerus im staatlichen Lcben von Byzanz, * Revue des Etudes Byzantines », XXIV, 1966, p. 3 et suiv.

¹⁴ V. Laurent, Les t Memoires »..., p. 240, lignes 11—12.