7 Lf image de ]'<antre * dans les manuels scolaire 21
de la supćriorite grecque sur les autres peuples balkaniąues. Dans le cas des Bulgares la superiorite inteliectuelle est accompagnee par la superiorite militaire, puisque les victoires grecques pendant les guerres balkaniques en 1912—1913, qui ont assure a la Grece une grandę partie de la Macedoine et de l'Epire au detriment des Turcs et des Bulgares, se rattachaient dans l'inconscient collectif aux victoires des empereurs byzantins notamment de Basile II le Bulgaroctone. Les .rapports contemporains entre les deux peuples voisins sont donc projetes vers le passś. On s'aperęoit d'une directe pro-jection vers l'epoque byzantine, quand on rencontre en effet une collision entre eux, mais on peut aussi deceler une projection indirecte operee vers 1'histoire ancienne. Au debut du XXC siecle les revendications antagonistes sur le territoire de Macedoine ont effectivement accelere et renforce un pro-cessus inaugure dśja depuis 1870: prouver par des arguments historiques le caractćre grec de 1'ancienne Macedoine. II est ćvident qu'une telle argu-mentation historique repond aux prćtentions des autres peuples balkaniques et notamment des Bulgares.
II est donc evident que 1'image des peuples voisins est dessinee d'apres 1'ethnocentrisme dominant et en fonction des donnćes politiques contempo-raines. L'« autre # national pour 1'inconscient collectif grec au tournant du XIXC siecle semble £tre incarne par deux peuples voisins, les Turcs et les Bulgares. En ce qui concerne les autres peuples balkaniques, on ne decouvre pas dans les manuels scolaires d'opposition analogue a celle rencontree dans le cas des Turcs et des Bulgares. Face aux Roumains uniquement on peut deceler une attitude nśgative dans quelques manuels scolaires grecs de geo-graphie depuis la fin du XIX0 siecle evidemment a cause des pretentions roumaine, dans les Balkans du Sud. Le rapport aux Albanais est tout a fait particulier et different, puisque les Albanais, sans Etat a l'epoque, ne sem-blent pas revendiquer des regions reclamees egalement par les Grecs, mais sont presents a 1'interieur de l'Etat grec. Les problemes qu'implique la presence d'une autre nation a cóte de la nation grecque a 1'interieur des frontiercs de l'Etat grec sont dśpasses gr&ce a 1'integration, moderee bien qu'incoherente, des Albanais a la nation grecque. L'interprśtation historique avancee dans ce cas particulier rcmonte a l'antiquite ou l'on decouvre les anciens Illyriens,
śvoqućs comme les anc^tres des Albanais contemporains et comme des parents des anciens Hellenes. Le probleme historique des colonies albanaises en Grece au moyen Sge et le probleme contemporain d'habitants du royaume grec qui parlent 1'albanais sont donc rtsolus simultanerr.ent, puisque les Albanais scnt consideres ccmme une branche de la nation grecque lfl.
lł I-c point idćologiąue du rćcit des manuels scolaires peut 6tre rćvćlć une lois encore
par ce qu'ćcrit C. Faparrigcpculcs dans fen Histcire de la Nadeń Grecęue: «[les AJbanais]
sont un mćlange des anciens habitants indigenes de ce pays, c'est-^-dire des Illyriens, ct des
uations multiples qui l'ont habitć p^ricdiquement, des Grecs anciens, des Roroains, des
Goths, des Grecs du Moyen Age, des Slaves et des Turcs. Un grand r.cmbre d'Alba_
nais furent hell^nisćs au cours du temps: et la majoritć seraient enti^ren-ent inl^grćs dans
l'bellćnisme, si des intrigues politiqnes ne s^oppofaient pas & cette inclinaticn naturelle dune
» •
race parć nie ^ rcust. C. Papanrigcpculcs, Icropia roi) EMrjwroi) E0vooę ... (Histoire de i a >Caticn Grccq\.e), t. IV, Ath^nes, Seferlis, s.d., p. 277.