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contrę 1’endettement canadien auąuel tous les ministercs doivent contribuer. Ces coupes ont un impact sur la presence intemationale du Canada152. A la fois pour poursuivre le programme intemationaliste et pour ćconomiser sur les couts de sa misę en oeuvre, le Canada appuie alors une definition ćlargie de la securite : la securite humaine153. Dans ses discours sur la securite humaine, Axworthy ne reserve aucun role aux Forces canadiennes. Cette approche est critiąuee, le Canada etant accuse d’adopter une attitude moralisatrice tout en fuyant les responsabilites financieres qui y sont associćes154. Selon 1’ancien Premier ministre Martin, pendant ces annćes, «nous avons beaucoup parle et peu agi155 ». Les Forces canadiennes resistent d’ailleurs au concept de securitć humaine sans les ressources necessaires a sa misę en oeuvre. Ils refusent d’adopter un concept qui devrait les porter k intervenir partout dans le monde alors que leurs ressources sont simultanement coupćes. II faut egalement spćcifier que la periode qui suit la fin de la guerre froide marque une intensification des operations de paix de TONU. Le Canada mobilise ses ressources militaires en appui aux efforts de paix dans les Balkans. Le gouvemement canadien de Mulroney dćcide aussi, en 1992, de dćployer le Regiment aeroportć canadien (RAC), afin de proteger Paccćs a 1’aide humanitaire en Somalie. Devant une famine qui cause la mort de plus de 300 000 Somaliens, le Conseil de securitć autorise le deploiement de TOpćration de TONU en Somalie (ONUSOM) auquel le Canada est invitć a participer. Le choix du Regiment aćroportć s’avere mauvais : deux soldats canadiens ayant capturć un adolescent somalien, Shidane Arone, le battent a mort156. L’enquete suivant ce scandale revele une tentative de camoufler 1’affaire par la chame de commandement militaire et convainc le Premier ministre de demanteler 1’unitć d’ćlite157. Cette rćaction du gouvemement - qui profite egalement de 1’occasion pour proceder a d’importantes coupes budgetaires - est jugće excessive par le 157 Le MAECI, le MDN et 1’ACDl sont les principaux organismes gouvemementaux qui deploient ses reprćsentatnts & Tetranger. D’autrcs ministćrcs, commc celui dc Pimmigration, ont des burcaux intemationaux, certains deploient móme des fonctionnaires a 1’ćtrangcr, mais seulemcnt ces trois organisations le font avcc unc telle ampleur. Voir Andrew Cohen, op cit.
153 Programme des Nations Unieś pour lc Dćveloppcmcnt, Rapport Mondial sur le Developpemeni Humain : Un agenda pour le Sommet social, Paris, ECONOMICA, 1994,240 p.
134 Todd S. Hataley et Kim R. Nossal, « The Limits of the Humań Security Agenda: The Case of Canada's Response to the Timor Crisis », Global Change, Peace and Security, 2004, 17 p. ainsi quc Fen Osler Hampson et Dean F. 01iver, « Pulpit Diplomacy: A Critical Assessment of the Axworthy Doctrine », International Journal, volume 53, numćro 3,1998, p. 379-406.
155 Paul Martin, op cit. p. 397.
156 Pour Shercne Razack, le scandale somalien est bien plus qu’une atrocitć causće par deux criminels dans les rangs d’un mauvais regiment des Forces canadiennes. Ellc inteiprete le maintien dc la paix essentiellemcnt commc un acte raciste imposć aux populations du Sud par le Nord. Voir Shercne H. Razack, Dark Threats & White Knights: The Somalia Affair, Peacekeeping and the New Imperialism, Toronto, University of Toronto Press, 2004,236 p.
157 CANADA, Ministćre des Travaux publics et Services gouvemementaux Canada, Rapport de la commission d’enquete sur la Somalie - Sommaire, 1997,90 p.